Cachez ces vérités que je ne saurais voir !

2 octobre 2018

« Une des bases fondamentales du milieu de la finance et des affaires est la justesse des informations fournies aux actionnaires et au public, tant financières que stratégiques. […]
En gros, toutes fausses allégations relativement aux résultats ou à l’information par une équipe de direction, que ce soit pour conserver son emploi ou pour influer sur le cours de l’action, sont illégales », soutient Marc-Nicolas Kobrynsky dans l’édition du 25 septembre dernier de L’actualité.

Fruit de recherches et de multiples demandes d’accès à l’information auprès de différents ministères, son article fait état de manipulations de résultats, tout spécialement au ministère de l’Éducation.

Il soulève deux cas particulièrement scandaleux à son avis : la diminution de la taille des classes et les résultats à l’examen de français en 5e secondaire. Surpris ?

En lien avec la dimunition des classes, d’après les informations publiées par le ministère, la cible fixée a été atteinte à 100 % en 2013-2014. Aux yeux du public, il y a donc lieu de croire que cette mesure a été un succès. Pourtant, en fouillant et en pressant le ministère de fournir plus de données, on comprend que ces résultats ne tiennent pas compte des dérogations pour dépassement. Or, les informations fournies par les commissions scolaires font plutôt état, en grande majorité, de « centaines de dérogations payées aux professeurs en raison des dépassements du rapport élèves-enseignant ». L’article donne en exemple la Commission scolaire Marie-Victorin, qui, en 2016, a payé plus d’un million de dollars en dépassement. Autrement dit, les classes explosent à bien des endroits !

Le ministère fixe une cible, ne fait pas de suivi cohérent de la situation et n’analyse pas les données. Pourtant, il trouve le moyen d’en faire une interprétation hermétique qui lui permet de dire que la cible est atteinte à 100 % et de faire disparaître l’indicateur. Magie ! Pendant ce temps, lorsqu’on crie que les ratios sont dépassés, on nous répond que les données du ministère disent le contraire. Vous voyez le cul-de-sac ? Kobrynsky relate différents exemples de manipulations de résultats dans son article, tous plus inquiétants les uns que les autres.

Ce qui ramène sur la table ces fameuses cibles chiffrées qui, on le sait trop bien, créent des distorsions. Si même au ministère, on emprunte tous les chemins, même les sombres ruelles, la nuit par temps pluvieux, pour dorer les statistiques, imaginez la pression sur le personnel de l’éducation pour modifier certaines notes…

Les cibles en éducation risquent toujours de servir à camoufler le pire. Mais se donner bonne image de la sorte, tout en faisant des cachettes à la population, a une incidence grave. Et ce sont les élèves, et ceux qui interviennent auprès d’eux, qui les subissent.

Soyons clairs : la majorité des enseignants ne veulent pas l’argent qui vient avec les dépassements des ratios. Ils veulent le nombre d’élèves convenu dans les ententes nationales, ils veulent des services pour les élèves codés, mais également pour ceux qui sont à risque.

Mireille Proulx
Coordonnatrice

Pour découvrir comment le ministère a manipulé le taux de réussite aux épreuves uniques de français pour les écoles secondaires, allez consulter, sur notre site Internet, le lien vers l’article de Marc-Nicolas Kobrynsky.