Le projet éducatif : l’importance d’occuper les espaces d’influence

14 novembre 2018

Fin 2016, l’adoption du projet de loi no 105 modifiait la Loi sur l’instruction publique. L’an dernier, les commissions scolaires ont élaboré leur Plan d’engagement vers la réussite (PEVR), en tenant compte, notamment, des orientations et des objectifs du Plan stratégique du ministère de l’Éducation.

« Maintenant, ce sont les milieux qui doivent élaborer leur projet éducatif, en cohérence avec les orientations et les objectifs du PEVR. Les projets seront effectifs dès juillet prochain », indique Nathalie Chabot, conseillère à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), en entrevue avec Le Champlain.

Il faut savoir que si les écoles sont déjà familières avec le concept du Projet éducatif, il constitue toutefois une nouveauté pour les centres de formation professionnelle et d’éducation des adultes.

Mais l’un des principaux changements amenés par l’adoption de la loi no 105, selon Nathalie Chabot, c’est l’inclusion des cibles visées au Projet éducatif.

«Avant, des objectifs mesurables, apparentés à des cibles, étaient inclus dans le plan de réussite, qui a été aboli avec la loi no 105. On dit bien « cibles visées » et la nuance est très importante, soutient-elle, parce qu’elle laisse une marge de manœuvre au choix de cibles quantitatives ou qualitatives, ce qui peut faire une grande différence pour le personnel. »

Elle précise qu’en introduisant des cibles dans le Projet éducatif, la loi no 105 en modifie la nature même. « D’outil de mobilisation de tous les acteurs concernés par la réussite, qui se donnent une vision de ce qu’ils veulent dans leur école pour favoriser la réussite des élèves, on en fait maintenant aussi un outil de reddition de compte. »

Et ce changement fondamental a des impacts sur notre vision de la réussite, poursuit-elle. « Parce que la mission de l’école, on la veut large, mais avec ce changement, on met davantage l’accent sur des dimensions plus quantifiables de la réussite, au détriment d’autres aspects. »

On impute aussi davantage la réussite des élèves au personnel. « Le personnel n’est plus seulement responsable de prendre les moyens pour la réussite des élèves, mais il devient de plus en plus responsable des résultats qu’auront les élèves. Si on a des cibles quantitatives dans notre projet éducatif, il y a donc un risque de pression accrue sur le personnel pour que ces cibles soient atteintes. »

Ce type de gestion engendre un climat plutôt malsain dans les milieux, selon la conseillère, dont les effets pervers peuvent aussi atteindre les élèves, notamment sur l’aspect de la compétitivité.

Que faire alors ? La loi reconnaît des espaces d’influence au personnel. Il est important de les utiliser. « Ça se jouera à différents moments, sous différentes formes, explique Mme Chabot, notamment lors de l’analyse de la situation de l’établissement, de l’élaboration du projet éducatif, puis de l’adoption du projet éducatif. »

Il y a du travail important à faire en amont pour l’équipe-école, insiste-elle, pour investir les espaces qui reviennent au personnel. Est-ce que les orientations sont adaptées au milieu ? Est-ce que les cibles sont réalistes, atteignables ? « Parce que si elles ne le sont pas, leur atteinte risque de reposer sur les épaules du personnel. On est pris avec, autrement dit. Et dans le cas du personnel enseignant il y a une contrainte additionnelle, parce que l’article 22 de la loi énonce qu’il a le devoir de respecter le Projet éducatif. »

Le sujet vous préoccupe ? Vous aimeriez en savoir plus ? Sachez qu’une formation sur le Projet éducatif de l’école et les moyens de sa mise en œuvre sera offerte au bureau du Syndicat à Saint-Hubert en janvier 2019, donnée par Nathalie Chabot justement. Surveillez nos publications pour savoir quand vous inscrire !

Documents d’information complémentaire: 

Le projet éducatif de l’école et les moyens de sa mise en oeuvre

Centres d’éducation des adultes et de formation professionnelle – Le projet éducatif et les moyens de sa mise en oeuvre

 

 

Maude Messier