Syndicats, groupes de pression ou lobbys : quel est le problème ?

14 février 2019

Il y a des commentaires qui, dits comme ça, tout bonnement, comme des vérités qui ne nécessitent ni justification ni remise en question, font pourtant rager.

« Nous ne céderons pas aux lobbys et aux groupes de pression ! » Presque quotidiennement, en entrevue et en point de presse, les membres du gouvernement caquiste, spécialement le premier ministre et le ministre de l’Éducation, reprennent cette phrase comme un mantra.

Clarifions d’abord les choses : les syndicats sont bel et bien des groupes de pression. Des lobbys de travailleurs démocratiques, parce que les positions et les idées que nous défendons sont celles de la majorité des membres.

Évidemment donc, nous rencontrons des ministres et des sous-ministres pour expliquer nos demandes, pour parler de notre quotidien, pour souligner les problèmes et pour présenter des solutions aussi. Nous nous assurons de bien faire valoir l’expertise de celles et de ceux qui œuvrent tous les jours dans les écoles et les centres afin qu’elle soit prise en compte dans les décisions et orientations gouvernementales. L’objectif étant toujours, contrairement à ce que certains laissent entendre, d’améliorer l’éducation au Québec. Si les syndicats ne jouaient pas leur rôle, qui le ferait ?

Alors qu’on apprend régulièrement que des représentants de grosses corporations et de compagnies privées utilisent tous les lieux possibles d’influence au ministère de l’Agriculture ou des Transports pour favoriser l’utilisation de leurs produits et services, que des représentants du Conseil du patronat rencontrent le Conseil du Trésor pour solliciter des déréglementations et des allégements fiscaux, les syndicats devraient se sentir mal de critiquer le gouvernement quand il prend de mauvaises décisions qui auront des effets négatifs sur les conditions de travail et le quotidien de leurs membres ? Ben voyons donc !

Ce n’est pas le premier gouvernement à crier qu’il ne cédera pas aux groupes de pression, spécialement aux syndicats, parce que c’est payant politiquement. Mais entre le spin médiatique et être confronté au terrain, il y a une marge.

Alors oui, en éducation, nous jouerons notre rôle de lobby afin que le gouvernement investisse et aide le personnel de l’éducation. Afin qu’il améliore réellement le réseau et ne s’en tienne pas qu’à des annonces qui seront, dans les faits, essentiellement cosmétiques, comme l’ont fait ses prédécesseurs.

Et si le gouvernement ne livre pas la marchandise qu’il promet depuis des mois, certainement que nous le critiquerons et que nous ferons pression. Car notre grogne, c’est d’abord et avant tout celle des travailleuses et travailleurs du réseau de l’éducation que nous représentons !

Éric Gingras