À qui la faute ? Aux profs, voyons !

3 octobre 2019

Plusieurs d’entre vous avez dû lire le rapport de l’Institut du Québec intitulé Qualité de l’enseignement et pénurie d’enseignants : L’État doit miser sur l’essentiel. Je ne m’attendais pas à y trouver un regard conciliant ni un jugement impartial ou une appréciation du travail des enseignantes et des enseignants, certes non. Mais, il faut lire l’étude au complet de quelque trente-cinq pages, pour constater qu’elle emprunte quelques raccourcis et saute vite aux conclusions.

Alors, l’essentiel, c’est quoi ? « La bonne nouvelle, c’est que la recherche des dernières décennies indique la voie à suivre : pour améliorer la performance des élèves et freiner le décrochage, il faut miser sur l’enseignement de qualité. La mauvaise nouvelle, c’est que le système d’éducation du Québec néglige actuellement cet enjeu. »

En lisant ce paragraphe, je me suis dit que cela voulait sûrement dire que les auteurs reconnaissaient la qualité de l’enseignement et qu’ils aborderaient derechef les coupes budgétaires de la dernière décennie qui ont fait très mal à notre système d’éducation et qu’ils proposeraient une injection majeure dans le système. Oh boy !

Je me suis trompée… L’admission peu sélective des futurs enseignants, les contenus disciplinaires, les classes difficiles données aux plus jeunes, la non-obligation de formation continue, le peu (voire le pas) d’accompagnement     en début de carrière et le fait de ne pas évaluer les enseignants, voilà ce qui fait qu’aujourd’hui, nous sommes devant un taux de décrochage et de sous-diplomation si élevé, nous dit le rapport.

Comme si des décennies de compressions budgétaires, de renouveau pédagogique et d’intégration massive des élèves HDAA sans pour autant faire suivre les services n’avaient rien à voir avec les difficultés du réseau !

On s’en doute bien, le rapport présente des pistes de solutions qui reposent essentiellement sur les épaules du personnel enseignant : formation continue, insertion professionnelle, évaluation de la qualité de l’enseignement, etc.

Et comme par hasard, à l’aube de la négociation pour le renouvellement de nos conventions collectives, il n’est nulle part question d’argent dans le rapport. Parce qu’il est là, l’éléphant dans la pièce !

D’ailleurs, la directrice de l’Institut du Québec, Mia Homsy, affirmait aussi en entrevue à La Presse+ que la hausse du salaire n’aurait pas une incidence significative sur l’attrait de la profession ! « On a regardé comment il se compare [avec d’autres pays], et il n’y a pas de scandale. » À l’échelle canadienne, le classement est pourtant simple et sans équivoque : nous sommes derniers, à l’entrée comme à l’échelon supérieur.

Il me semble pourtant que de ramener les salaires à la moyenne, minimalement, et de laisser les enseignants enseigner, ce serait une bonne façon de valoriser la profession. Mieux que de tenter d’imposer les principes d’un ordre professionnel par la bande et de laisser entendre que la qualité du travail des enseignants est déficiente, tout en évitant soigneusement de parler de leurs conditions de travail.

Mireille Proulx
Coordonnatrice