Le mépris n’est pas digne de la fonction de ministre

19 juin 2020

Le mercredi 17 juin 2020

Lettre ouverte au ministre de l’Éducation
Le mépris n’est pas digne de la fonction de ministre


Monsieur Roberge,

Quel ne fut pas notre étonnement de vous écouter dévoiler votre plan pour la rentrée scolaire de septembre prochain… sans jamais faire allusion d’aucune façon au personnel de soutien scolaire!

Comment est-il possible, comme ministre de l’Éducation et ex-enseignant du primaire, de passer sous silence leur rôle essentiel au bon déroulement de la prochaine rentrée?

Au cours des dernières semaines, on vous a beaucoup reproché de ne pas être à l’écoute du terrain et des partenaires du réseau. Force est de constater, après de nombreux rappels et interventions des représentants du personnel de soutien scolaire, que vous écoutez bien qui vous le souhaitez.

Ignorer continuellement le travail essentiel des plus bas salariés du réseau, de celles et de ceux qui vivent le plus de précarité, et passer sous silence leur apport dans le quotidien des enfants et au bon fonctionnement du réseau relève du mépris. Savez-vous seulement ce qu’est une équipe-école, M. Roberge? Parce qu’à vous entendre parler des écoles comme si elles n’étaient essentiellement constituées que d’enseignants et de personnel de direction, vous comprendrez que les membres du soutien le reçoivent plutôt mal!

Absence de considération, conditions de travail qui se détériorent, pénurie de personnel qui fait qu’on leur en demande toujours plus, l’ironie est assez frappante de vous entendre parler de valorisation alors que sur le terrain, la réalité est franchement toute autre. Demandez-leur, vous aurez assurément une réponse claire! Nous le savons, parce que nous les représentons. Ça sert à ça aussi, un syndicat. N’en déplaise à ceux qui trouvent que nous ne vous donnons pas bonne presse.

Nous nous expliquons mal comment il est possible d’ignorer à ce point le travail de plus de 30 000 personnes dans le réseau en planification de la réouverture complète de tous les établissements. Comment présenter un plan de rentrée sans même glisser un mot sur les services de garde? Ne savez-vous pas que les enfants y passent souvent presque autant de temps qu’en classe? Comment cela fonctionnera-t-il pour les ratios? Pour les dîners? Pour les élèves en difficulté et avec des besoins particuliers? Les éducatrices spécialisées qui leur donnent des services? Tout cela disparaît-il lorsque les enfants quittent les classes? Les préposées aux élèves handicapés? Les surveillants de dîner? Les concierges qui assurent les mesures sanitaires et la désinfection de nos établissements ? Le personnel administratif, les secrétaires d’école? Quatre-vingts classes d’emplois et pas un mot, silence radio.

Mais s’il y a bien une chose que tous ces gens ont en commun, c’est un sérieux ras-le-bol du manque de considération et de reconnaissance de leur travail au quotidien dans les milieux, dans vos sorties publiques, comme aux tables de négociation pour améliorer leurs conditions de travail.

Les dernières semaines ont été éprouvantes pour tout le monde dans le réseau. Alors au-delà de vos exercices de relations publiques destinées à rassurer la population, nous attendons maintenant le déploiement de ce plan dans les milieux. Parce qu’entre vos annonces en conférence de presse et la réalité du terrain, les écueils sont souvent nombreux. Et c’est beaucoup trop souvent le cas pour le personnel de soutien.

Être à l’écoute du réseau, c’est être à l’écoute de tous les acteurs, monsieur le ministre! Et jusqu’à maintenant, vous êtes en situation d’échec.

Éric Gingras
Président du Syndicat de Champlain