L’absence rend parfois justice

24 septembre 2020

Imaginons, un instant, une journée ordinaire dans une école primaire dans laquelle il n’y aurait pas de personnel de soutien scolaire. L’exemple vaut tout autant pour une école secondaire, en y apportant quelques modifications.

À 6 h 30, la directrice accueille les élèves qui arrivent à pied ou en voiture, accompagnés de leurs parents. Elle les dirige vers leur classe respective où, seuls, ils attendent que la cloche sonne. À 7 h 45, plusieurs élèves circulent dans la cour sous la surveillance d’enseignants en attendant, eux aussi, le début des cours.

Vers 8 h, enfin la cloche sonne, tout le monde se retrouve en classe. La directrice en profite pour prendre tous les appels des parents indiquant que leur enfant sera absent. Elle doit aussi faire de l’entrée de données, entre autres pour que les payes puissent être générées par des cadres du centre de services scolaire. Mais quelle est cette odeur qui flotte ? Ah oui ! Elle doit vider les poubelles, elle n’a pas eu le temps de le faire hier.

Oups ! Les poubelles et le nettoyage des corridors devront attendre, même si c’est une journée de pluie. Elle doit prendre en charge un élève qui s’est désorganisé. Au même moment, elle est avertie qu’une élève ayant des problèmes de comportement vient de prendre la poudre d’escampette !

Enfin, la récré ! Non, pas vraiment. Il a cessé de pleuvoir, les élèves peuvent donc aller dehors. Des enseignants surveillent la récréation comme à l’habitude. Deux élèves décident de faire une course… Eh oui, l’un tombe ! Il est donc dirigé vers le bureau de la direction afin de recevoir les premiers soins.

Dring ! Retour en classe pour tout le monde. Là, il faudrait vraiment que les poubelles soient vidées et les corridors nettoyés, tout comme l’entrée de l’école d’ailleurs. Malheureusement, Jérémie, un élève de troisième année, vient de vomir. La directrice se rend donc nettoyer le dégât et revient à son bureau avec lui, pour tenter de joindre ses parents afin qu’ils viennent le chercher… Oups ! La lumière bleue du téléphone clignote; il y a 17 appels en attente…

Un directeur adjoint du centre de services la rejoint directement sur son cellulaire pour savoir pourquoi les données pour les payes ne sont toujours pas envoyées. Ça doit être fait avant 19 h parce qu’il n’a pas l’intention de partir encore à 21 h ce soir, lui déclare-t-il.

La cloche pour le dîner sonne. En raison des mesures liées à la COVID, les élèves restent dans leur classe, avec leur groupe bulle pour le dîner. La directrice devra assurer seule la surveillance de tous les groupes en se déplaçant d’un local à l’autre. Matéo ne peut pas ouvrir son thermos, Anya renverse son jus, Hubert lance des graines de tournesol dans les cheveux d’Alycia, Lou s’étouffe avec une pelure de tomate et Mathieu n’a pas de lunch. Et évidemment, aucun de ces élèves ne se trouve dans le même local !

J’arrête ici cette journée apocalyptique, bien que je pourrais continuer longtemps : ce ne sont pas les exemples qui manquent !

Vous aurez bien compris que, sans le personnel de soutien scolaire, la directrice et les enseignants de cette école sont laissés à eux-mêmes, tout comme le directeur adjoint du CSS.

Dans mon exemple, l’absence totale de personnes pourtant essentielles à la réussite des élèves et au bon fonctionnement de l’école (comme dans tous les établissements d’ailleurs) rend cette histoire inconcevable. La pièce manquante ? Le personnel de soutien scolaire, toutes catégories confondues : des alliés incontournables, des collègues de premier plan, du personnel essentiel en éducation.

Mireille Proulx
Coordonnatrice