Budget 2021-2022

26 mars 2021

Si l’éducation était une véritable priorité politique au Québec, il est évident que les sommes allouées au réseau dans ce budget auraient une toute autre allure!

Depuis hier soir, analystes et commentateurs énumèrent les mesures, les enveloppes et les sommes annoncées. Mais quel est le portrait global et que signifie vraiment ce budget en éducation?

Qu’est-ce que ça veut dire pour la négo?

Premier élément d’importance pour le personnel de l’éducation : Ce budget confirme l’immobilisme du gouvernement aux tables de négociations. Le cadre financier de la négociation n’a pas bougé d’un pouce : il était à 6,2 % l’automne dernier et il est toujours à 6,2 %, six mois plus tard!

Évidemment, personne ne s’attendait vraiment à voir une nouvelle proposition de négociation dans le budget. Cela dit, les informations sur le cadre financier confirment, publiquement cette fois, ce que nous répètons depuis un an : le gouvernement se présente aux tables, mais il ne bouge pas… Malgré ce que le ministre de l’Éducation, la présidente du Conseil du trésor et le premier ministre laissent entendre dans les médias!

Ah! Tentation du saupoudrage, quand tu nous tiens!

Alors que nous cherchons à négocier des mesures récurrentes pour nos conventions, le gouvernement va dans une direction diamétralement opposée en multipliant les mesures temporaires (lettre d’entente hors convention, montant forfaitaire sur une année). En présentation du budget, le florilège de mesures annoncées hier et la pluie de millions qui les accompagne font certes bonne impression dans cette mise en scène et laissent entendre que l’éducation est au cœur de la relance, mais c’est faux. Et à ce stade-ci, c’est plus que décevant, c’est enrageant.

Le tutorat, l’aide aux devoirs, le soutien psychosocial et la création de classes spécialisées vont permettre de sortir la tête de l’eau, mais pour une courte durée seulement puisqu’il y a une date d’expiration sur ces mesures. Et pourtant, les besoins sont nombreux.

Parce que les besoins, eux, sont récurrents!

Nous l’avons dit mille fois : Les problèmes de surcharge de travail et le manque de ressources ne sont pas apparus avec la COVID-19. Ils y étaient bien avant et le seront d’autant plus dans les prochaines années. Et soyons clairs : le gouvernement le sait très bien! Oui, le budget est un exercice économique, mais c’est aussi un exercice politique. Et ce gouvernement, après avoir crié haut et fort que l’éducation était une priorité, laisse tomber le réseau en faisant comme nombre de ses prédécesseurs : du maquillage, des fanfares, des apparences.

En annonçant hier des mesures supplémentaires totalisant 205 millions cette année pour limiter les retards d’apprentissage et pour soutenir le réseau scolaire, le gouvernement reconnaît que la crise sanitaire a des impacts considérables sur le réseau et la réussite éducative. Mais une fois de plus, il fait le choix de mettre un bandage et d’ignorer la blessure beaucoup plus profonde.

Oui, nous sommes en négociation pour améliorer nos conditions de travail. Et c’est maintenant le moment de changer les choses en éducation. En agissant comme il le fait, le gouvernement laisse non seulement tomber le personnel de l’éducation, mais les élèves et les parents également. Parce que l’éducation, ça nous regarde tous!

Les femmes et l’avenir?

En terminant, comment passer sous silence le fait que ce gouvernement va de l’avant avec une relance économique du Québec où le masculin l’emporte sur le féminin? C’est bien d’investir dans les infrastructures (notamment dans les écoles), mais cela ne doit pas se faire au détriment du personnel qui œuvrent dans nos écoles et nos centres, à très forte majorité des femmes.

Finalement, le report de l’équilibre budgétaire de deux ans est une bonne nouvelle, mais le gouvernement aurait également pu annoncer la suspension de versements au Fonds des générations plutôt que de planifier un retour à l’austérité et aux compressions à partir de 2023, après la prochaine échéance électorale. Investir en éducation, c’est aussi un lègue à nos générations futures!

Éric Gingras