22 septembre 2016
Que cache l’opération charme?
Nous ne connaissons pas encore les modalités de la vaste consultation lancée par le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx, mais nous savons qu’il y aura une tournée des régions, culminant par un grand rendez-vous national le 1erdécembre.
Le ministre définit trois objectifs et trois axes d’intervention. Les objectifs sont les suivants :
- Susciter des réflexions sur ce que devraient être les priorités pour la réussite éducative;
- Faire émerger de nouvelles idées;
- Développer une vision commune et innovante de la réussite éducative, qui s’inscrit de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte.
« Priorités », « nouvelles idées », « vision commune et innovante », un menu pour le moins ambitieux.
Axe 1 : L’atteinte du plein potentiel de tous les élèves
Dans cet axe, le document identifie quatre champs particuliers :
1. Une intervention auprès de la petite enfance; 2. Une réponse adaptée aux élèves ayant des besoins particuliers; 3. Un accompagnement tout au long du parcours scolaire; 4. La qualité de l’enseignement et des pratiques pédagogiques.
Dans chacun de ces champs, les débats promettent d’être costauds, car les politiques gouvernementales vont à l’encontre des objectifs affirmés.
Par exemple, le document insiste sur l’importance des services de garde, pendant qu’on est en train de démanteler le réseau des CPE au profit du privé.
De même, alors que nous savons qu’un des principaux problèmes de notre système d’éducation est l’écrémage de la clientèle scolaire par le privé – 20 % des élèves au secondaire, 35 % à la Commission scolaire des Patriotes – le document évite d’aborder de front la question, sinon pour proposer l’intégration de plus d’élèves HDAA dans les écoles privées subventionnées.
Une proposition dont on sait d’avance qu’elle ne sera que cosmétique, car toute la spécificité des écoles privées est précisément de sélectionner les meilleurs élèves et tenir à l’écart les élèves posant
problèmes.
De toute évidence, la formation continue des enseignants et la création d’un ordre professionnel seront au centre des débats à venir dans cette consultation.
Dans le monde anglo-saxon, qui sert de référence au gouvernement Couillard, on fait aujourd’hui porter la responsabi-lité de la réussite scolaire et éducative sur les enseignants. Les recettes d’hier (création d’écoles à charte, évaluations répétitives des élèves) n’ayant pas donné les résultats escomptés, on se rabat sur les profs.
Selon les « études » sur lesquelles s’appuient les décideurs, le nombre d’élèves par classe n’aurait pas d’impact. Ces études ne tiennent pas compte non plus des caractéristiques socio-économiques des élèves sur la réussite des élèves.
Axe 2 : Un contexte propice au développement, à l’apprentissage et à la réussite
Là aussi, le document énumère quatre champs spécifiques : 1. L’importance de la littératie et la numératie; 2. L’univers des compétences du 21e siècle et la place grandissante du numérique; 3. Une préparation adéquate à la transition au marché du travail et aux études supérieures; 4. Une école inclusive, forte de sa diversité.
Le champ central semble être celui de « la place grandissante du numérique ». Dans le champ sur la littératie et la numératie, on précise que celles-ci sont « essentielles à l’apprentissage et au développement des compétences numériques ».
Que la maîtrise du français soit secondaire, malgré les affirmations contraires, se confirme avec la proposition dans le champ sur le numérique (sic !), d’« élargir les programmes d’enseignement intensif de l’anglais en sixième année du primaire » !
Axe 3 : Des acteurs et des partenaires mobilisés autour de la réussite
Quant au champ sur la « préparation adéquate à la transition au marché du travail », on peut s’attendre à des interventions du milieu des affaires pour une école davantage branchée sur le marché du travail, d’autant plus que le gouvernement ouvre la porte à leur participation dans le troisième axe qui est défini ainsi : « Des acteurs et des partenaires mobilisés autour de la réussite »
