Incursion dans le quotidien des profs à l’éducation des adultes

14 février 2018

L’éducation des adultes est un monde en soi. Les membres du Comité de la formation générale des adultes du Syndicat ont rédigé ce texte avec pour objectif d’ouvrir une porte sur leur quotidien afin de partager leur réalité avec leurs collègues du secteur des jeunes et de la formation professionnelle.

Une classe en FGA

Dans les centres d’éducation des adultes, les classes sont hétérogènes et souvent composées d’individus ayant vécu plusieurs échecs au secteur des jeunes. Il faut savoir que la fréquentation scolaire n’est plus obligatoire pour cette clientèle, puisqu’ils sont âgés de 16 ans et plus. Les élèves, de tous âges, arrivent à tout moment de l’année. Une majorité de jeunes adultes âgés entre 16 et 20 ans côtoient des adultes plus âgés  : une jeune maman, un retraité, un manœuvre souhaitant changer de carrière, une personne se relevant d’un accident de la route devant se réorienter, etc.

Soulignons également qu’à leur arrivée dans les centres, les cotes TC, TSA, TDAH, FMA n’existent plus. Le Ministère les considère guéris ! L’enseignant doit donc guider ces élèves dans leurs apprentissages avec très peu d’appui des services éducatifs complémentaires, faute de budget accordé.

Il doit aussi créer un climat de classe propice aux apprentissages de chacun, en accord avec leur degré individuel de maturité et d’autonomie. Tout ce beau monde présente aussi des situations  de vie personnelle très variées : un jeune vivant avec des parents inaptes, une élève submergée par l’anxiété, un travailleur devant concilier travail et études, un ancien détenu, une mère monoparentale essayant d’améliorer son sort, un élève essayant pour la 4e fois de réussir ses mathématiques de 3e secondaire souhaitant devenir vétérinaire, etc.

Trois mots à retenir : enseignement adapté différencié !

L’enseignant aux adultes ne peut se permettre une planification de cours trop rigide ; il doit régulièrement adapter son enseignement aux élèves. Présentement, l’enseignement le plus utilisé  est l’enseignement individualisé. Un enseignant se doit d’harmoniser sa façon d’expliquer une notion avec les types d’élèves qui se trouvent devant lui. Il est toutefois possible qu’il doive avoir recours, dans une même journée, à de l’enseignement magistral, à de l’enseignement en sous-groupe avec des élèves de même niveau ou de niveaux différents ou à de l’enseignement par  projet. La différenciation est essentielle à  l’éducation des adultes et fait partie du quotidien.

Un enseignant à l’ÉDA doit composer avec une situation propre au secteur adulte : l’enseignement multiniveau et même multimatière à l’intérieur d’une même classe. Imaginez une enseignante qui doit offrir, lors d’une même période, le programme  de mathématiques de la 1re à la 5e secondaire et le programme de sciences de 4e et 5e secondaire. De plus, la réforme rend la tâche de l’enseignant plus complexe puisqu’il doit travailler avec deux programmes différents au quotidien. Tout ceci sans oublier la gestion de la classe, élément essentiel afin de préserver un climat propice à l’apprentissage. Avec la clientèle d’aujourd’hui, à savoir la hausse des élèves en difficulté, voilà qui représente souvent tout un défi !

Complexité et précarité au quotidien

Durant ses heures de tâche complémentaire sans présence élève, l’enseignant doit rencontrer… ses élèves ! En effet, il les rencontre en tutorat pour faire un suivi pédagogique, un suivi de l’assiduité et un suivi de leur comportement en classe.

Un enseignant à l’éducation des adultes se voit assigner en moyenne deux heures de réunions par semaine : rencontres par matière, assemblées générales, rencontres de rendement ou d’assiduité, rencontres en équipe-école, rencontres avec  l’équipe de professionnels, etc. De plus, la participation à au moins un comité est obligatoire dans la plupart des centres.

Dans le temps alloué aux tâches personnelles, il doit s’acquitter de la planification individuelle et de groupe des cours, de la totalité des corrections (les examens ne peuvent pas quitter les centres), de l’organisation de la classe et du matériel pédagogique. De plus, il doit aussi trouver le temps de s’approprier les nouveautés des programmes pédagogiques, les nouvelles méthodes d’évaluation et de correction et le nouveau matériel pédagogique.

Au quotidien, un enseignant à l’éducation des adultes n’a d’autre choix que de se contenter de ressources très limitées, malgré les grands et nombreux besoins des élèves. Fréquemment, il arrive que la direction ou les différents professionnels tels que la psychoéducatrice, l’orthopédagogue, le conseiller en orientation doivent répartir leurs heures de travail dans plusieurs centres. Il revient donc aux enseignants d’assumer certaines responsabilités lors de l’absence de ces ressources.

Certains enseignants à statut précaire sont obligés de se promener d’un centre à un autre dans une même journée. Ils vivent avec la crainte constante de perdre leur emploi qui dépend uniquement du taux de fréquentation du centre. Il arrive souvent qu’un enseignant à temps partiel se voit rajouter, puis retirer des heures d’enseignement d’une semaine à l’autre. La précarité d’emploi à l’éducation des adultes constitue donc un véritable casse-tête.

 

Le Comité de la formation générale des adultes