Pour des stages rémunérés

17 octobre 2018

En 1995, alors que j’étais membre de l’exécutif de l’Association générale des étudiantes et des étudiants de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal, nous discutions souvent de la possibilité que nos stages soient rémunérés. Ce n’était alors pas une demande formelle et il n’y avait pas de réelle stratégie, mais l’idée était déjà bien présente. Vingt-trois ans plus tard, la mobilisation des étudiants pour la rémunération des stages en enseignement est bien vivante !

Celles et ceux, dans nos rangs, qui ont des stagiaires provenant de l’UQAM savent déjà probablement qu’une grève des étudiantes et des étudiants en éducation aura lieu du 19 au 23 novembre en lien avec cette revendication.

La demande est claire : rémunérer tous les stages du baccalauréat en enseignement. Après une première phase de mobilisation ces dernières années, le gouvernement a finalement inscrit au budget une somme leur permettant de recevoir 3 900 $ pour le dernier stage de leur formation. Les étudiantes et les étudiants reviennent à la charge avec leur demande initiale et c’est tant mieux.

Comment justifier que les stages dans le secteur public, principalement associés aux domaines traditionnellement féminins, ne soient pas rémunérés, alors que dans le secteur privé, la plupart des stages le sont ou, à tout le moins, sont compensés financièrement ? Doit-on rappeler qu’environ 84 % des stagiaires en éducation sont des femmes ?

Soulignons aussi que la stratégie de l’association étudiante est très intéressante. Dans un contexte de pénurie, la crainte que la session soit annulée et que l’entrée dans la profession des finissantes et des finissants soit retardée pourrait forcer le gouvernement à céder à leur demande. D’autant plus qu’il s’agit d’un tout nouveau gouvernement qui a, en partie, fait campagne sur ses intentions de valoriser la profession enseignante… Il y a là une belle occasion. Et tant qu’à réfléchir, pourquoi ne pas pousser encore plus loin la question de la rémunération pendant les stages, notamment pour nos collègues techniciennes en éducation spécialisée et éducatrices en service de garde ? Quand on doit mettre sa vie de côté, sa famille, ses amis et son travail pour se former, une reconnaissance sous forme de compensation financière serait un minimum !

Alors, à tous les collègues qui auront des stagiaires de l’UQAM entre le 19 et le 23 novembre, soyons indulgents s’ils s’absentent pendant cette semaine. Ils sont probablement en train de paver le chemin pour le futur.

C’est aussi ça avoir une vision à long terme !

Solidarité !

Éric Gingras