Vivre dignement

9 mai 2019

L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a publié tout récemment une note socio-économique intitulée Le revenu viable 2019 et les situations de pauvreté – Données pour différentes localités du Québec. Indiquons tout de suite que « le revenu viable est un indicateur de reve­nu, conceptualisé par l’IRIS en 2015 […] dans le but d’évaluer un niveau de reve­nu suffisant pour permettre de vivre dignement […] ».

Pour établir le revenu viable 2019 d’une famille type, plusieurs données sont prises en compte, notamment la mesure du panier de consomma­tion (MPC), considérée comme le seuil officiel de la pauvreté au Canada, et le panier de biens et services.

Tout un écart !

Ainsi, à la lecture de cette note, on apprend donc qu’une famille de deux adultes et de deux enfants vivant à Montréal, en tenant compte uniquement de la mesure du panier de consommation, devrait pouvoir se débrouiller avec un revenu annuel de 39 429 $ après impôts. Pourtant, si on se fie au calcul du revenu viable 2019, qui prend en compte plusieurs éléments de mesure rappelons-le, on parle plutôt d’un revenu annuel familial nécessaire de 58 166 $.

Pour un ménage monoparental com­prenant un adulte et un enfant, on considère, avec la MPC, qu’il faut un revenu annuel de 19 714 $ à Montréal. Avec le calcul du revenu viable, il faut plutôt 37 435 $ !

Vous le constatez, l’écart entre les deux mesures de calcul est fort impor­tant. Pourquoi s’y attarder ? Parce qu’il représente la différence, justement, entre un calcul économique unidimen­sionnel et un indice qui tient compte de facteurs et de dimensions non essentiels strictement parlant, certes, mais tout de même importants à l’échelle d’une vie. Par exemple, le revenu mini­mum selon la MPC évacue les petits spéciaux au resto le vendredi soir et freine la participation à des activités sociales. On magasine aux comptoirs vestimentaires; on fait une croix sur des vacances ou des sorties en famille. Bref, on calcule toujours en fonction de la fin du mois, on cherche souvent son souffle. On ne parle pas ici de grande pau­vreté, on parle de précarité et d’insécurité financière.

Il faut en parler !

Les membres du personnel de soutien scolaire gagnent un salaire annuel moyen de 28 000 $ avant impôts. Une surveillante d’élèves au primaire est rémunérée 22,35 $ de l’heure au maxi­mum de l’échelle, mais elle travaille en général de 7 à 15 heures par semaine uniquement, à l’intérieur d’un horaire brisé.

Une éducatrice en service de garde (classe d’emploi qui représente 45 % du personnel de soutien scolaire au Syndicat de Champlain) gagne au maxi­mum 24,22 $ de l’heure, soit quelque 44 000 $ brut, soit environ 28 000 $ net… si elle travaille 35 heures par semaine. Toutefois, 68 % des postes en SDG ont moins de 26 h 14 de travail par semaine.

Pour les techniciennes en éducation spécialisée, en informatique – classe principale, en travail social, arrivées tout en haut de l’échelle, on parle de 33,61 $ de l’heure, 60 000 $ brut par année… toujours en fonction d’un horaire de 35 heures par semaine, ce qui est rare en milieu scolaire.

Pourquoi en parler maintenant ? Parce que les consultations en vue des négociations pour le renouvellement de nos conventions collectives débuteront sous peu et on y parlera de salaire.

Au Syndicat de Champlain et dans nos instances nationales, il faudra être solidaires des plus bas salariés. Comme le disait si bien récemment, Guylaine Bachand, la vice-présidente de la section du soutien des Patriotes à Champlain : le personnel de soutien a pour mission de s’assurer que les enseignantes et les enseignants puis­sent enseigner !

Mireille Proulx