Alors maintenant, on fait quoi?

11 février 2020

Un projet de loi contenant plus de 300 articles qui modifient plus de 80 lois différentes dont la Loi sur l’instruction publique, une centaine d’amendements présentés en commission parlementaire, l’imposition d’un bâillon alors que la session parlementaire venait à peine de débuter; quoi de mieux pour susciter la grogne et la mobilisation!

Nous vous reviendrons bientôt avec plus de détails sur les impacts que la Loi 40 aura sur notre travail et sur nos milieux, car nous le savons, même si le gouvernement a martelé dans son spin médiatique qu’il n’était question que de l’abolition des commissions et des élections scolaires, dans les faits, il a modifié beaucoup plus que cela!

Et d’ailleurs, heureusement que nos organisations nationales (FSE, FPSS et CSQ) sont arrivées à faire reculer le ministre sur certains aspects et qu’elles ont réussi à en faire modifier d’autres. Alors, maintenant, on fait quoi? Après avoir signifié notre mécontentement en portant du noir et notre chandail de négo, après nous être affichés bâillonnés sur les médias sociaux et après avoir signifié notre indignation à coup de commentaires sur Facebook et d’émojis bâillonnés, on fait quoi?

Alors que nos organisations nationales sont à pied d’œuvre pour vérifier notre capacité réelle à contester la loi qui semble avoir passé outre, à certains niveaux, aux conventions collectives, nous, dans les écoles et dans les centres, on fait quoi? Ou encore, comme nous l’écrivait un collègue délégué au lendemain du bâillon, le Syndicat de Champlain compte faire quoi?

Nous ferons ce sur quoi nous insistons depuis maintenant quelques mois : nous préparer à un très long marathon de négociations et, par le fait même, à une mobilisation qui pourrait vraisemblablement s’étirer sur plus d’un an, voire 18 mois. La stratégie que le gouvernement entend utiliser pour le renouvellement de nos conventions collectives pourrait très bien être un copié-collé du scénario de l’adoption du PL40 sous bâillon.

Fort des sondages qui lui donnent un appui massif des électeurs, le premier ministre misera sur un discours porteur et rassembleur : l’importance de l’éducation. Il ajoutera que la réussite des élèves est une priorité et qu’il veut améliorer nos conditions de travail, celles des profs surtout, parce que les gens les aiment! Cependant, ses propositions seront tout autres et surtout, trop complexes à expliquer en 30 secondes durant un topo à la radio ou à la télé, nous faisant ainsi passer pour des chialeux… et vous pouvez prédire la fin!

Mais en jouant nos cartes stratégiquement et en ne laissant pas nos émotions prendre le dessus, nous pouvons contrecarrer ses plans! Si nous jouons bien le jeu de la négociation, même recourir à une loi spéciale lui sera impossible.

Alors on fait quoi? On fourbit nos armes, on affiche notre solidarité, on utilise les médias sociaux à fond la caisse. Des moyens de pression dans les milieux, il y en aura! L’important est de les exercer ensemble et surtout, de tenir tout le temps qu’il faudra!

Éric Gingras