La démocratisation de l’éducation, le fruit est mûr.

3 mai 2022

Nous vous demandions, la semaine passée, ce que vous pensiez de la fin des projets élitistes qui cannibalisent les écoles publiques. Wow! Nous avons reçu un écho de votre part qui vient prouver qu’il s’agit d’un enjeu polarisant.

L’école publique, ça devait être un accès pour tous aux meilleures ressources. Avec la commission Parent dans les années 1960, c’était l’intention : nous offrir, en tant que société, le cadeau d’une éducation de qualité pour tous.

« Si le Rapport Parent demeure un essentiel référent de l’évolution sociale du Québec, c’est qu’il a incarné une double aspiration de son époque : celle de l’entrée du Québec dans la modernité et celle de la démocratisation de la société québécoise », a dit Guy Rocher dans Un bilan du Rapport Parent: vers la démocratisation.

Or, si l’on entrait dans la modernité dans les années 1960, l’ironie, aujourd’hui, démontre que nous avons reculé bien loin en arrière. Une éducation archaïque à trois vitesses où les élèves des classes ordinaires ne se voient pas offrir l’élément motivateur des programmes particuliers réservés aux mieux nantis et à ceux qui performent plus. Et ce n’est pas la faute du personnel! On a beau réunir les plus brillants astronautes, si la navette spatiale est faite en carton, personne ne marchera sur la lune.

Des élèves qui auraient décroché s’ils n’avaient pas pu pratiquer leur sport préféré, peindre, participer à une activité sociale ou jouer d’un instrument de musique, nous en connaissons tous. Alors que l’éducation devait être un ascenseur social accessible à tous, elle s’est malheureusement transformée en expédition en montagne remplie de crevasses pour plusieurs élèves mal équipés, faute de réelle volonté de la part des élus de les aider.

En 2016 « le constat du Conseil supérieur de l’éducation est limpide : le système québécois est le plus inégalitaire au pays. » (Journal de Montréal, 19 avril 2022)  Il suffisait de demander l’avis au personnel de l’éducation pour faire ce constat plus tôt! Nous sommes aux premières loges de cette cannibalisation de nos écoles publiques par le privé subventionné à une hauteur démesurée et par les projets particuliers qui ont tenté, de cette façon, de contrer la désertion vers le privé. La forte intégration des élèves en difficulté dans les classes régulières sans fournir les moyens nécessaires a rendu celles-ci moins populaires, au point où les parents font tout pour éviter d’envoyer leurs enfants à l’école publique.

Évidemment, il existe des solutions. Les élèves demandent d’étudier dans des programmes qui les motivent et c’est tout à fait normal! Dans les années 1960, le Rapport Parent proposait la démocratisation de ces classes pour offrir à tous les mêmes chances de réussir.  Eh bien, il est de la responsabilité de l’État, des décideurs que nous élisons, de rétablir la démocratisation de l’éducation. Le fruit est très mûr, il est maintenant temps de reprendre le débat de société que nos prédécesseurs avaient entamé, il y a 60 ans.

 

Jean-François Guilbault,

Président du Syndicat de Champlain