6 juin 2024

Nous sommes déjà en juin. Quand on y pense, la quantité de travail que nous avons accompli est impressionnante ! Nos journées ont été longues. Débutant par l’accomplissement de notre ouvrage quotidien puis, poursuivant avec un « deuxième shift », soit celui de la course folle des obligations de la vie personnelle et de famille : gestion du souper, des besoins des enfants, la gamme complète des « -ages » interminables (ménage, lavage, pliage…), les heures supplémentaires, tous les autres imprévus et, finalement, le reste du temps où l’on essaie de s’accorder un peu de plaisirs et de vivre de bons moments.
Au regard de cet emploi du temps nettement bien rempli, cette année en fut une toute spéciale avec un automne occupé où il a fallu, en plus, se rendre disponibles pour la cause que nous chérissons, l’éducation, en se mobilisant pour nos conditions et notre contrat de travail. Maintenir le rythme, se motiver, cultiver l’espoir d’un règlement historique et recommencer le même cycle jour après jour. Pas étonnant alors, que nous nous levions un matin de juin et que nous constations à quel point nous sommes fatigués !
À cet instant, outre nos difficultés personnelles, on repense alors aux moments intenses de l’automne qui nous ont sollicités, à la satisfaction de certaines de nos attentes de la négo, mais aussi à la déception face à d’autres. Et nos pensées partent en dérive. Elles nous révèlent, entre autres, la détresse que la violence vécue dans notre quotidien nous génère ou la déprime que le phénomène de désengagement général des parents relativement à l’école nous afflige. Ces idées-poison nous rappellent à quel point notre tâche est lourde et peu valorisée. Jumelées à notre fatigue accumulée, pas étonnant que nous ayons de la difficulté à entrevoir l’espoir de jours meilleurs en éducation.
Ceci n’est pas normal et nécessite une bonne réflexion. Comment faire changer les choses ? Quels sont nos incontournables ? Parce que tout est possible. À l’aube des signatures de notre contrat de travail, il faut se rappeler que tous les enjeux et problématiques du réseau de l’éducation ne peuvent se régler que par le biais de la négociation d’une convention collective. Ça passe souvent par d’autres chemins, que ce soit les politiques officielles, les différentes pratiques ou même les lois.
Comme acteurs du milieu, tout le travail que nous accomplissons dans les coulisses de notre profession contribue à faire évoluer l’éducation vers des horizons plus encourageants. Et ça, c’est tellement important ! Par exemple, en complément à l’action-mobilisation officielle de l’automne, plusieurs d’entre vous avez contribué, entre autres, à documenter la réalité de la violence vécue dans les milieux de travail, alors que d’autres prenaient part à la collecte d’informations quant au déploiement de nouveaux programmes, dans le cadre de sondages ou d’études menées en collaboration avec des chercheurs universitaires.
Oui, le renouvellement de nos conventions collectives est important, mais je crois que le travail de fond effectué pendant la période qui s’écoule entre chaque négociation l’est encore plus. Cela s’appelle l’offensive professionnelle. Individuellement, nous avons un pouvoir d’action et le mettre en œuvre de façon collective peut faire bouger les choses. C’est d’abord en travaillant en collaboration que nous arriverons à souder notre sentiment d’appartenance et que nous renouvellerons notre désir d’engagement. Personnel de soutien et enseignants, solidaires, nous saurons prendre les moyens nécessaires pour faire respecter notre expertise professionnelle puis faire entendre et reconnaître nos réalités.
Nous interviendrons sur les enjeux sociaux qui auront un effet positif sur nos conditions de travail. Nous élèverons nos voix pour montrer à notre gouvernement que des changements drastiques sont nécessaires pour faire à nouveau du réseau scolaire, un lieu de prédilection pour faire carrière.
Des actions sont à prévoir. Quelles formes prendront-elles ? Pétitions, sondages, études, consultations, comités de travail, interventions ? Quoi qu’il en soit, elles solliciteront une fois de plus de notre précieux temps. Et c’est à cela qu’il faudra réfléchir. Prendrons-nous le temps de nous impliquer pour faire partie des solutions qui permettront l’amélioration de notre quotidien ? Ou bien laisserons-nous l’épuisement l’emporter ? Peut-être pourrions-nous essayer de percevoir avec légèreté chaque minute que nous déciderons d’accorder à défendre notre cause ? Et se rappeler que nous ne sommes pas seuls.
Chose certaine, le cri du cœur que nous avons lancé a été entendu et nos organisations fédératives relancent une offensive professionnelle qui saura frayer le chemin du changement. Nous serons appelés à l’action ! Voyons cette initiative comme une avenue intéressante remplie d’aventures et abordons la continuité avec enthousiasme et un brin d’humour, car cela fait du bien. Bon repos !
Geneviève Bourbeau
Coordonnatrice