24 avril 2025

Mark Carney, nouvellement élu premier ministre, a déclenché les élections et a convoqué les Canadiennes et les Canadiens à se rendre aux urnes d’ici le 28 avril. Un changement d’ère se dégage sur la colline parlementaire afin de tourner la page après 10 ans d’administration du gouvernement Trudeau. Chaque parti présent y trouvera un intérêt. Pour le parti au pouvoir, c’est l’occasion de se redonner un second souffle, voire de se débarrasser de son allié du dernier mandat. Pierre Poilièvre pourra-t-il réaliser son rêve d’accéder aux hautes instances du pays grâce à la lassitude et la contestation grandissante envers le parti au pouvoir? Quant au parti souverainiste, en quête d’une plus grande représentativité à Ottawa, saura-t-il faire pencher la balance du pouvoir afin d’obtenir davantage pour le Québec?
L’occasion était trop belle pour le comité sociopolitique du Syndicat de Champlain d’effectuer une recherche afin de vous informer et de répondre aux orientations adoptées au Congrès 2023, soit :
- Poursuivre notre pratique d’informer sur les différentes plateformes des partis politiques sans parti pris.
- Ne s’impliquer d’aucune façon auprès d’un parti politique.
C’est donc avec une volonté d’objectivité sans parti pris que nous tenterons de vous faire un résumé des positions des principaux partis en lice sur les thèmes qui nous semblaient les plus proches de vos préoccupations.
Droits des femmes
Tout d’abord en ce qui concerne les droits des Femmes, c’est sans surprise que le Bloc Québécois (BQ), le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti libéral du Canada (PLC) réitèrent le droit des femmes à disposer de leur corps et la mise en œuvre de moyens nécessaires pour lutter contre toutes attaques de cette nature. Ces partis souhaitent aussi de meilleurs encadrements législatifs. Par exemple, le BQ se positionne en faveur d’un renforcement des peines pour les crimes commis dans un contexte de violence conjugale ou familiale. Le NPD propose des congés en cas de violences fondées sur le genre et rappelle son engagement envers l’équité salariale dont l’objectif est d’exiger un salaire égal entre un emploi typiquement féminin et un emploi typiquement masculin de valeur équivalente dans une même entreprise. Alors que la position du Parti conservateur du Canada (PCC) n’était pas claire lors des dernières élections, Pierre Poilièvre réitère sa volonté de ne pas remettre en question le droit à l’avortement (La Presse, le 11 avril 2025), mais plaide également pour une liberté de conscience du personnel médical. De plus, il souhaite que les espaces réservés aux femmes restent exclusivement réservés aux femmes et non aux hommes biologiques, même quand les personnes s’identifient au genre féminin.
Communautés autochtones
Alors que les comités Mouvement ACTES à travers le Québec se mobilisent pour revendiquer un accès à l’eau courante et potable pour les communautés autochtones, le PLC propose d’inscrire ce droit dans la loi et d’offrir une enveloppe de 140 millions de dollars pour y améliorer le logement. Le parti souhaite investir dans des projets d’exploitation des ressources naturelles ou liés à l’énergie sans négliger d’autres projets. Le NPD se positionne en faveur d’investissements dans les infrastructures autant en ce qui concerne l’accès à l’eau potable que l’accès aux communautés par voies portuaires ou aéroportuaires. Le PCC favoriserait l’acceptation par les communautés de projets énergétiques (oléoducs, gaz naturel liquéfié, mines) sur leur territoire en échange de compensations financières leur permettant de faire des choix de développement. Le BQ désire s’assurer qu’Ottawa respecte la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la Commission de vérité et réconciliation du Canada, notamment leurs droits linguistiques et culturels tout en offrant l’opportunité de développer des logements adaptés aux changements climatiques.
Environnement
En matière d’environnement, il y a peu de changements dans les positions du PCC qui souhaite lever les barrières à la pleine exploitation des ressources naturelles, que ce soit par l’abolition de la taxe carbone, l’abandon d’objectifs de réduction des gaz à effet de serre ou l’annulation de décrets visant à protéger la faune et la flore. Le PLC, malgré l’adoption de la Loi sur la transition juste et le soutien des travailleurs vers la transition, finance l’exploitation des énergies fossiles et vient d’abolir la taxe carbone. Le BQ et le NPD se distinguent des deux partis précédents en prônant une transition écologique vers un meilleur encadrement de nos ressources naturelles que ce soit en favorisant le pétrole vert, le refus des oléoducs ou de tous projets faisant concurrence à Hydro-Québec et la protection des aires marines (BQ) ou en prenant des positions allant dans le sens de l’interdiction du plastique à usage unique, le développement et la gratuité du transport collectif (NPD).
Immigration
Concernant l’immigration, le BQ souhaite le transfert de tous les pouvoirs au Québec afin que son gouvernement soit libre de gérer les cibles, les conditions d’obtention de la résidence permanente, les demandes d’asile ou l’obligation de réussite d’un test de français pour obtenir la citoyenneté à partir du Québec. Tous les partis sauf le NPD s’entendent pour réduire le nombre d’immigrants temporaires. Le NPD préfère ne pas s’engager sur des cibles de réduction, mais d’y aller avec les besoins du pays. Il permettrait aux demandeurs d’asile de produire leur demande plus facilement. Le PCC répondrait en partie aux demandes de Québec d’obtenir davantage de pouvoirs en matière d’immigration. Du côté libéral, Mark Carney rompt avec la tradition en voulant imposer des restrictions sur l’accueil des demandeurs d’asile et en rappelant que c’est « approprié » de retourner les demandeurs d’asile aux États-Unis en fonction de l’Entente sur les tiers pays sûrs.
Fiscalité
Avec l’inflation des années postpandémiques, le pouvoir d’achat est au centre de nos préoccupations. En ce qui concerne la TPS, le PLC voudrait la supprimer entièrement pour l’achat d’une première maison d’une valeur de moins d’un million de dollars. Le PCC fait sensiblement la même proposition sur les résidences de moins de 1,3 millions de dollars. Le BQ, favorable à l’abolition de la TPS sur les produits de seconde main, rappelle que toutes les sommes investies en logement doivent être transférées à Québec, car il s’agit d’une compétence provinciale. Les trois partis pancanadiens proposent de revoir les paliers d’imposition (- 1 % pour le PLC; passage de 15 à 12,75 % pour la 1re tranche d’imposition pour le PCC; augmentation du palier non imposable pour les Canadiennes et Canadiens gagnant moins de 177 882 $ pour le NPD). Le PCC offre de remonter les cotisations annuelles maximales au CELI de 7000 $ à 12 000 $ à condition que la somme investie soit placée dans des entreprises canadiennes. Rappelons que le gouvernement conservateur d’Harper avait décidé d’abolir le crédit d’impôt fédéral des fonds des travailleurs dans lesquels nous investissons, pour la plupart, en vue de notre retraite. Pour cette élection, bien que rien n’ait toutefois encore été annoncé, le même scénario est envisageable pour le PCC.
Santé
Enfin, en matière de santé, le BQ réitère sa demande de hausser les transferts en santé vers les provinces pour répondre aux besoins des Québécoises et des Québécois dans ce domaine. Le NPD, dans la lignée de son programme de soins dentaires, promet la mise en place d’un régime universel d’assurance médicaments couvrant d’abord les médicaments contre le diabète et les contraceptifs, puis son élargissement vers d’autres types de médicaments comme les analgésiques et les antibiotiques, ce qui engendrerait probablement une baisse de nos primes d’assurance collective.
Finalement, malgré nos préoccupations légitimes en matière d’environnement, de fiscalité et de droits des personnes, il ne faut pas oublier que ces élections auront lieu dans un contexte de guerre commerciale avec nos voisins du Sud. L’imprévisibilité économique engendrée par les droits de douane trumpistes pourrait rendre caduque très rapidement tout cadre financier des partis au risque de voir les promesses électorales partir en fumée. Il sera d’autant plus important que chacune et chacun exerce son droit de vote le 28 avril.
Bon vote!
Le comité sociopolitique du Syndicat de Champlain