24 septembre 2025

Après avoir réclamé à maintes reprises que le gouvernement prête une oreille attentive à l’expertise terrain du personnel de l’éducation, il faut reconnaître, aujourd’hui, les fruits d’un travail rigoureux mené en collaboration réelle entre le ministère de l’Éducation et les représentants des milieux scolaires. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut saluer une telle écoute. Et cette fois, elle s’est traduite par une avancée concrète.
Dans le dossier de la lutte contre la violence, le consensus est sans équivoque : tolérance zéro. Ce principe, longtemps revendiqué mais trop souvent relégué au second plan, semble enfin prendre racine dans les actions gouvernementales. Enfin le vent tourne. À la suite des travaux issus de ce partenariat, le gouvernement a produit et rendu public un document détaillé contenant l’essentiel pour protéger le personnel scolaire et prendre en charge la violence lorsqu’il en est victime. Il ne s’agit pas simplement de dénoncer : il s’agit d’agir. Ce Guide pratique d’accompagnement : Prévention et prise en charge de la violence envers le personnel scolaire marque un tournant. Il propose un protocole clair, structuré autour de trois principes directeurs : prévention, prise en charge et suivis rigoureux. Ces fondements, bien que simples en apparence, viennent enfin encadrer les pratiques et outiller les milieux pour que les gestes de violence ne soient dorénavant ni tolérés, ni banalisés.
Actions à déployer: Pas les mêmes selon l’individu concerné
Dans les établissements scolaires, il est essentiel de comprendre que les encadrements législatifs relatifs aux actions à déployer lorsqu’une personne est victime de violence ne sont pas les mêmes selon l’individu concerné. Est-ce un élève ou un membre du personnel ? Cette distinction a pourtant un impact direct sur la façon dont les situations de violence doivent être prises en charge. Si la victime est un élève, c’est la Loi sur l’instruction publique qui dicte les principes directeurs. Mais dès qu’un membre du personnel est victime, c’est un tout autre cadre légal qui s’applique : la Loi sur la santé et la sécurité du travail. À titre de travailleur, tout membre du personnel scolaire doit bénéficier d’un environnement sain et sécuritaire. Cette responsabilité est partagée entre l’employeur et le travailleur, et elle ne peut plus être ignorée.
En premier lieu, dans la démarche de prise en charge de la violence, il est (et sera toujours) question du principe fondamental de prévention. Le guide ministériel propose une série d’actions concrètes à mettre en œuvre, tant par le travailleur que par l’employeur, pour éviter que la violence ne prenne racine. Mais ce qui mérite d’être souligné, c’est qu’on reconnaît enfin que malgré tous les efforts, des situations de crise peuvent survenir. Et c’est là que l’ouvrage prend toute sa valeur. Il encadre désormais officiellement les interventions à déployer en cas de crise. Les milieux scolaires ont l’obligation de se doter de stratégies de protection pour le personnel appelé à intervenir dans des contextes tendus. Mais mieux encore, on insiste sur ce qui suit : l’après-crise. Car une agression ne s’efface pas malgré un retour au calme.
Accompagnement du personnel
Le guide consacre une section entière à l’accompagnement du personnel, qu’il soit victime ou témoin d’un geste de violence. On y affirme clairement la nécessité d’un soutien immédiat de qualité, mais aussi d’un temps de récupération avant de reprendre ses fonctions. Ce n’est pas un luxe, c’est un droit. Et ce droit s’étend à un suivi à plus long terme, pour que les effets de l’agression ne soient ni minimisés, ni ignorés.
Aujourd’hui, je salue le fait que le gouvernement ne se contente pas de nommer les enjeux : il donne les moyens d’agir. Ce geste, bien qu’attendu depuis longtemps, envoie un signal fort : Que le personnel scolaire mérite d’être protégé, respecté et soutenu dans l’exercice de ses fonctions. Que la violence n’a pas sa place dans nos écoles. Et surtout : Que le silence et l’inaction ne sont plus des options.
Geneviève Bourbeau
Coordonnatrice