Le rôle des syndicats : Défendre le collectif

22 octobre 2025

Au Syndicat de Champlain, les communications sont l’un des vecteurs de notre mouvement. Chaque jour, nous cherchons les meilleurs moyens d’être transparents dans nos actions et de vous tenir pleinement informés. Aujourd’hui, je consacre cet éditorial à cette même quête de transparence, car dans le contexte sociopolitique actuel, certaines décisions gouvernementales risquent d’avoir un impact direct sur nos droits collectifs et sur le rôle même des organisations syndicales.

Une lettre d’opinion pour dénoncer

C’est pourquoi, au cours des derniers jours, nous avons fait parvenir aux médias une lettre d’opinion que j’ai signée pour dénoncer les intentions du gouvernement Legault de s’en prendre, une fois de plus, aux organisations syndicales du Québec.

En réponse au PL 100, au PL 89 et à la réforme du régime syndical, nous affirmons sans détour dans cette lettre:

« Les syndicats représentent un contre-pouvoir important, une voix démocratique accessible à toutes et à tous. Ils doivent pouvoir agir librement partout où les intérêts des membres et du bien commun sont en jeu, sans entraves politiques dictées par un gouvernement plus soucieux de ses intérêts électoralistes que du bien commun. »

Cette prise de parole publique vise à rappeler à la CAQ et à l’ensemble de la population québécoise que le syndicalisme ne sert pas uniquement à négocier des conventions collectives. Le syndicalisme joue un rôle essentiel dans l’avancement de l’ensemble des causes sociales. Pour en nommer quelques-unes : l’égalité entre les femmes et les hommes, la défense des minorités, la lutte contre la pauvreté et l’accès à une éducation publique de qualité. Eh bien, c’est justement ce rôle que le gouvernement tente aujourd’hui de museler en cherchant à limiter la manière dont les syndicats peuvent utiliser leurs fonds et à empêcher leur participation aux débats publics pour faire avancer de nombreuses causes sociales.

Samedi dernier a eu lieu la Marche mondiale des femmes. En marchant avec les milliers de personnes réunies à Québec, une réflexion m’est apparue : les avancées obtenues par les travailleuses n’auraient jamais été possibles sans le mouvement syndical. C’est le fruit de décennies de mobilisation pour une société plus juste, plus équitable, plus humaine qui ont permis ces petites victoires dans ce long combat qui est loin d’être terminé…

La lutte pour la justice sociale reste à poursuivre

Et pourtant, la réforme que propose la CAQ, nous ramène en arrière, alors même que la lutte pour la justice sociale reste à poursuivre, autant au Québec qu’ailleurs. Dans le brouhaha de la marche, une autre idée s’est imposée à moi : lors du dernier congrès du Syndicat de Champlain, nous avions choisi le thème « Protéger nos acquis, cultiver l’avenir ».

C’est exactement ce que nous faisons aujourd’hui : nous protégeons les droits démocratiques de la population tout en défendant la place du collectif dans un Québec où le gouvernement semble préférer l’individualisme à la solidarité.

J’insiste : un gouvernement qui a réellement à cœur le bien-être des travailleuses, des travailleurs et, plus largement, de l’ensemble de la population n’a rien à craindre des syndicats. Mais lorsqu’un gouvernement cherche à en réduire la portée d’action, c’est qu’il redoute la force de ce collectif. Il peut bien prétendre agir « pour les syndiqué(e)s » plutôt que « contre les syndicats », mais c’est oublier que les syndicats, ce sont les syndiqué(e)s.

Rappelons-le-lui avec détermination. Rappelons-lui aussi que nous continuerons à protéger les acquis sociétaux et à cultiver l’avenir des Québécoises et des Québécois.

 

Jean-François Guilbault

Président