Objet : La pauvreté et les femmes

22 octobre 2025

Avertissement : Le texte qui suit comporte des propos qui peuvent ne pas convenir aux âmes sensibles. Prière d’ouvrir vos horizons. (Sources)

La semaine dernière, le Réseau de l’action féministe a mis en lumière un thème aussi crucial que bouleversant : la pauvreté et les femmes. Les présentations auxquelles nous avons assisté nous ont confrontées à une réalité brutale, presque insoutenable. J’ai été profondément ébranlée. Indignée. Parce qu’en 2025, il est inacceptable que les femmes soient encore aussi massivement désavantagées, discriminées, fragilisées.

Rien n’est acquis

J’étais outrée de constater que, malgré les décennies de luttes féministes, malgré les avancées arrachées, rien n’est acquis. Les maigres victoires sont précaires, constamment menacées. Elles ne tiennent que grâce à la persévérance de groupes et d’organismes qui refusent de baisser les bras. Mais cette lutte, soyons honnêtes, ne devrait même plus avoir lieu. Réveillons-nous, bon sang!

La pensée indifférente et le discours trompeur nous répètent que l’égalité est atteinte, que les droits des femmes sont garantis, que la bataille est derrière nous. Mais c’est faux. Ce manque d’intérêt ou cette croyance anesthésie les consciences, nourrit l’indifférence et permet aux injustices de perdurer. Il faut ouvrir les yeux : les inégalités socioéconomiques fondées sur le genre sont toujours là. Elles sont systémiques. Elles sont violentes. Et elles sont inacceptables.

Alors aujourd’hui, je m’adresse à la femme en toi. Mais aussi à celles que tu aimes. À celles que tu élèves. À celles que tu voisines. Passe le message : ta valeur est immense. Elle mérite d’être reconnue. Elle exige le respect. Et pour que tu n’en doutes jamais, voici quelques faits qu’aucun ne devrait plus ignorer.

Juste pour garder la tête hors de l’eau

Encore aujourd’hui, les femmes gagnent moins que les hommes. Et si tu es une femme issue de l’immigration et des minorités visibles, l’écart est encore plus grand. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois au salaire minimum. Pourtant, pour simplement sortir de la pauvreté, il est nécessaire de gagner au moins 20 $ de l’heure. Et ce n’est même pas pour vivre dans le confort : juste pour garder la tête hors de l’eau, pour payer un logement, se nourrir, s’habiller. Alors, après une vie à travailler fort, souvent dans des emplois précaires, moins valorisés, moins bien payés que ceux de ton frère, ton conjoint ou ton voisin, ta retraite sera tout sauf dorée.

Et ce n’est pas seulement une question de salaire. C’est aussi l’impossibilité d’épargner. Parce que tu as des dettes. Parce que le système ne reconnaît pas ton diplôme. Parce que tu paies une taxe rose sans même t’en rendre compte. Parce que tu t’occupes de tout le monde — enfants, parents, conjoint — pour que personne ne manque de rien et que tout le monde soit heureux. Parce que tu sacrifies ta journée de travail (étant souvent la moins payée du ménage) quand un enfant est malade. Parce que si ce n’est pas toi qui le fait, personne ne s’en chargera.

Et pendant ce temps, tu encaisses. Les émotions des autres. La pression de performance. Le stress. Les silences. Les injustices. Tu ravales tes larmes. Tu caches ta honte. Tu portes seule le poids de la violence, visible ou non.

Le piège

Certaines femmes ont un parcours plus doux. Mais pour (trop!) d’autres, la précarité est une compagne de route. Invisible, mais bien réelle. Or, aucune n’échappe à ce piège. Cet appauvrissement des femmes n’est pas une coïncidence. C’est un système. Et il faut le démanteler. Alors non, ce n’est pas le moment de relâcher la vigilance. C’est le moment de se lever. De parler. D’agir. Pour que plus jamais une femme ne soit condamnée à la pauvreté simplement parce qu’elle est une femme.

Levée du réseau. J’ai la gorge serrée. Je pense à mes deux filles.

Geneviève Bourbeau

Coordonnatrice