19 novembre 2025
Dans le débat public entourant le projet de loi no 3, un acteur inattendu s’est fait entendre : le Barreau du Québec. Quand l’ordre professionnel des avocates et avocats (dont la mission première est de protéger le public) choisit de monter aux barricades pour dénoncer un risque d’érosion de l’État de droit, nous devons collectivement tendre l’oreille.
Dans son analyse du PL 3, le Barreau soulève plusieurs inquiétudes : atteinte au droit d’association, restrictions à la liberté d’expression, réduction de la capacité des organisations, dont les syndicats, de recourir pleinement aux tribunaux pour contester une loi.
Ainsi, il maintient qu’affaiblir les contre-pouvoirs n’a jamais été une bonne nouvelle dans une société démocratique. Et surtout, plus on tolère de telles mesures, plus on s’habitue à ce qu’elles deviennent la norme.
Il y a un sérieux problème
Pour celles et ceux qui estiment que les organisations syndicales se lèvent contre le PL 3 pour défendre leur bac à sable, d’accord, sauf que le Barreau n’est pas un syndicat. Lorsqu’un ordre professionnel apolitique, chargé de la protection du public, se sent obligé de dénoncer les dérives d’un projet de loi gouvernemental, c’est qu’il y a un sérieux problème… Un problème qui dépasse les intérêts syndicaux et qui touche à l’équilibre même de la démocratie québécoise.
Après le projet de loi no 89 qui est venu restreindre le droit de grève, ce nouveau texte s’attaque encore aux voix critiques. Ce n’est pas une coïncidence, c’est une stratégie retorse qui s’inscrit dans un agenda politique pour tenter de créer des diversions afin de se maintenir au pouvoir.
Le gouvernement présente le PL 3 comme une modernisation nécessaire pour le travailleur. Mais lorsqu’on observe l’ensemble du projet de loi (et c’est aussi la thèse du Barreau), une autre réalité apparaît : celle d’un pouvoir politique qui cherche à réduire les contestations et à encadrer les organisations qui osent se lever et dire non.
Dans l’histoire, nous nous sommes souvent tenus debout
Dans l’histoire, nous nous sommes souvent tenus debout. En effet, les organisations syndicales sont à l’origine, directement ou indirectement, d’une multitude d’avancées sociales et de plusieurs protections qu’on considère aujourd’hui comme la base, notamment, le salaire minimum et sa hausse progressive, les congés parentaux, la création de la CNESST, la loi sur l’équité salariale, etc. Ces progrès sociaux ont amélioré le sort du citoyen québécois moyen à travers le temps. Les syndicats sont, depuis toujours, un contre-pouvoir qui se bat pour le bien commun. Le PL 3 cherche précisément à affaiblir cette capacité de protection. Il vise à séparer les luttes du quotidien (c’est-à-dire les conditions de travail) de celles qui relèvent du bien commun. Mais pour nous, ces deux dimensions vont de pair.
Voulons-nous vraiment d’une société où le gouvernement renforce son pouvoir en affaiblissant systématiquement celles et ceux qui ont pour mission de le questionner? Pour ma part, la réponse est claire : non!
Je vous lance maintenant l’invitation à dire à votre tour « non » au projet de loi no 3. Défendons, ensemble, nos droits dans les rues de Montréal, le 29 novembre prochain. Un grand rassemblement intersyndical y est organisé. Votre famille, vos amis et vos collègues sont les bienvenus et peuvent vous accompagner parce que ça nous regarde tous. Ce sont les citoyennes et citoyens de demain qui nous remercieront de nous être levés.
Le 29 novembre, défendons la démocratie.
Jean-François Guilbault
Président