20 novembre 2025
Parler de la relève, c’est parler d’avenir. Dans le monde de l’éducation, elle incarne l’espoir d’un système capable de se renouveler, malgré les nombreuses fissures. Ces jeunes, ces nouveaux employés, qu’ils soient enseignants ou membres du personnel de soutien, arrivent avec des idées inaltérées, une énergie neuve et une volonté sincère de faire une différence. Et vient le moment où ils font leurs premiers pas dans notre système d’éducation et se heurtent à des enjeux brutaux, ceux-là même contre lesquels nous militons : surcharge de travail, manque de ressources, précarité des contrats et un climat où la reconnaissance semble souvent absente. Comment prétendre bâtir un système fort si ceux qui le portent sont fragilisés dès le départ ?
La relève en éducation est cruciale parce qu’elle est le moteur de l’innovation pédagogique, de l’action éducative et de la continuité. Donc, prendre soin de cette relève exige plus que des discours. Cela demande des actions concrètes comme offrir un accompagnement réel, alléger la charge administrative, assurer des conditions de travail dignes et stables. Ceux qui œuvrent dans le milieu depuis longtemps, ont expérimenté les changements de mœurs des clientèles, alors que les nouveaux y sont carrément garrocher. Pour aucun ce n’est acceptable. Alors, quand nous aurons quitté, si nous souhaitons que d’autres poursuivent la route que nous avons bâtie et entretenue, nous devons continuer à lutter pour réclamer un système d’éducation qui empêchera le gaspillage humain et social. La vocation n’est pas synonyme de sacrifice.
Et c’est là que la dualité entre vocation et conditions difficiles devient criante. On glorifie la passion et l’énergie des jeunes et celle des nouveaux venus, comme si elle pouvait compenser des salaires insuffisants, de la précarité ou des classes surchargées. Mais la vocation ne fait pas le poids contre l’épuisement. Quand le système s’appuie sur la bonne volonté pour masquer ses failles, il trahit sa mission première : offrir une éducation de qualité dans un cadre humainement viable.
Puis, en marge du réseau scolaire, un autre terrain mérite notre attention : celui du syndicalisme. La relève syndicale y est tout aussi essentielle, car elle portera la voix des travailleurs et défendra des droits qui ne sont jamais acquis. Dans un contexte où les compressions budgétaires et les réformes s’enchaînent, qui veillera à ce que les conditions de travail ne se détériorent pas davantage ? Les jeunes militants syndicaux apportent une perspective nouvelle, une énergie indispensable pour maintenir la lutte collective vivante et ils sont les prochains protecteurs du bien collectif.
Le syndicat n’est pas qu’un outil de revendications ; il est un rempart contre l’isolement et l’injustice. Sans relève syndicale, le risque est grand de voir s’effriter la solidarité qui protège les plus vulnérables. Mais là encore, la réalité est complexe : s’engager syndicalement demande du temps, de la conviction et souvent, une dose de courage. Dans un système où la pression individuelle est forte, où la performance est érigée en dogme, militer peut sembler un luxe.
Pourtant, c’est une nécessité. Car sans voix collective, les conditions déjà difficiles deviendront intenables. Si notre gouvernement désire réellement prendre soin de la relève et investir dans l’avenir, il devra reconnaître que l’éducation n’est pas une dépense, mais un pilier de la société. Il devra comprendre que le syndicalisme n’est pas un frein, mais une force pour le bien collectif. S’il veut que ces nouveaux, que ces jeunes continuent à croire en leur mission, il faudra leur offrir plus qu’un discours et des promesses vides : il devra leur donner les moyens d’agir, d’innover et de s’épanouir. C’est avec ces convictions que le Syndicat de Champlain épaule sa relève.
Geneviève Bourbeau
Coordonnatrice