4 décembre 2025
La fermeture d’urgence de l’école Notre-Dame-de-la-Paix à Beauharnois, en Montérégie, suscite la colère des parents et des syndicats, qui dénoncent des mois de signalements ignorés alors que les partis d’opposition réclament une intervention rapide de Québec.
«C’est sûr et certain que la sécurité de mon enfant est en jeu», lance Marie-Claude Monière, mère d’une élève de l’établissement.
Depuis plusieurs jours, l’inquiétude règne dans cette école primaire fermée en raison d’une mauvaise qualité de l’air.

Photo courtoisie
Moisissures confirmées, amiante en question
Selon le Centre de services scolaires (CSS) de la Vallée-des-Tisserands, un rapport préliminaire confirme une présence anormalement élevée de spores de moisissures dans le bâtiment.
«Le rapport dit que la mauvaise qualité de l’air actuel est due à la présence de moisissure, probablement liée à une infiltration d’eau», explique la directrice générale du CSS, Suzie Vranderick. Impossible toutefois de préciser depuis combien de temps les élèves respiraient cet air contaminé
.
De l’amiante pourrait également être en cause, selon certaines informations obtenues par TVA Nouvelles. Mme Vranderick reconnaît que plusieurs bâtiments du centre de services en contiennent, mais assure que «c’est sous contrôle et ce n’est pas ce qui est en cause à l’heure actuelle». Elle n’a cependant pas confirmé si les tests effectués la semaine dernière, à l’école Notre-Dame de la Paix, incluaient une analyse d’amiante.
Avertissements des syndicats
La gestion du dossier suscite la colère des syndicats. «On ne sait pas si le Centre de services scolaire a avisé le ministère de l’Éducation. C’est presque intolérable que la ministre n’ait pas encore réagi», déplore Jean-François Guilbault, président du Syndicat du Champlain.

Du côté du personnel de soutien, même son de cloche. «Des membres nous ont signalé des problèmes de santé et des enfants étaient de plus en plus malades», affirme Kathleen Mathieu, présidente par intérim du Syndicat du personnel de soutien de la Vallée-des-Tisserands, qui demande une meilleure collaboration et l’accès au rapport complet.
Selon plusieurs employés, les premiers signalements de problèmes de qualité de l’air remontent à janvier 2025.
Une école en piteux état
À la porte de l’entrée principale de l’école primaire Notre-Dame-de-la-Paix, une affiche confirme la fermeture temporaire. Les serrures ont été changées. À l’intérieur, des plafonds éventrés et on constate des poutres temporaires soutenant la structure. En 2024, l’établissement avait obtenu la pire cote de vétusté de la région: 41 %.
Le CSS assure être intervenu dès qu’il a été mis au fait de la situation. «Négligent, non!», insiste Suzie Vranderick.

Relocalisation des élèves jusqu’en 2026
Comme les analyses approfondies pourraient s’étirer au-delà de la période des Fêtes, une relocalisation temporaire a été confirmée.
Les élèves du régulier seront transférés à l’école Baie-Saint-François, à Salaberry-de-Valleyfield.
Les groupes adaptés seront accueillis à l’école Saint-Paul, à Beauharnois.
«Cette décision permettra de ramener les élèves et le personnel en classe plus rapidement, dans un milieu stable et centralisé», indique le CSS.

Réactions politiques à Québec
La fermeture rapide de l’école fait réagir les partis d’opposition.
Pascal Bérubé, député du Parti québécois, estime que le gouvernement doit agir :
«S’il y a des enfants potentiellement en danger et que rien ne se passe, les parents doivent le savoir pour prendre les bonnes décisions.»
Madwa-Nika Cadet, du Parti libéral, juge «inacceptable» qu’une école doive fermer de façon aussi soudaine.
Pour Sol Zanetti, de Québec solidaire, le problème est plus vaste: «La mauvaise qualité de l’air cause des problèmes de santé sérieux chez les enfants. Le gouvernement ne fait pas d’économies en repoussant les travaux et met notre avenir en péril.»
Vers une reconstruction complète?
Le CSS a déjà demandé au gouvernement d’inscrire la démolition et la reconstruction de l’école au Plan québécois des infrastructures. D’ici là, l’entretien du bâtiment se poursuivra pour assurer sa sécurité.
«Quand on regarde l’état du bâtiment, il serait plus bénéfique de démolir et reconstruire, mais le processus est long. En attendant, on maintient l’entretien et on demeure en communication avec le ministère», souligne Mme Vranderick.
Parents en attente de réponses
Lors d’une rencontre tenue jeudi soir, plusieurs parents ont exprimé leurs inquiétudes quant à une possible exposition de leurs enfants à la moisissure, voire à des résidus d’amiante. Réunis à l’auditorium de l’école secondaire des Patriotes, une centaine d’entre eux s’attendaient à obtenir des réponses claires.
Le Centre de services scolaires a refusé la prise d’images par les médias.
La rencontre a été marquée par certaines tensions. « Nous avons surtout entendu de beaux discours de politiciens », a commenté un père visiblement préoccupé.
Plusieurs parents disent repartir sans savoir quand leur enfant pourra recommencer les cours. D’autres ont rapporté que leur enfant présente des symptômes qu’ils jugent préoccupants; la direction les a invités à communiquer avec la santé publique pour un suivi.
«Ils n’ont pas réussi à nous rassurer», résume Marie-Claude Monière.