Le syndicalisme comme vecteur d’égalités sociales

6 juin 2018

Malgré les différents programmes sociaux, on s’aperçoit que les inégalités sociales sont bien présentes au Québec. À titre d’exemple, à Montréal, il y a un écart de onze ans entre l’espérance de vie des citoyens de Westmount et de Saint-Henri, selon le Directeur de la santé publique de Montréal. Un écart qui équivaut pratiquement à celui entre l’Allemagne et le Bangladesh.

Il va sans dire que les conséquences de ces inégalités sont multiples et diverses : échec et décrochage scolaire, montée des mouvements populistes, lutte des classes sociales et diminution des possibilités de mobilité sociale, pour n’en nommer que quelques-unes. Sans compter que tous ces éléments contribuent à miner les principes démocratiques qui prévalent dans notre société.

Par contre, si la situation demeure préoccupante, la population québécoise peut se targuer d’avoir su mettre en place des moyens qui lui ont permis de freiner, au cours des vingt dernières années, l’augmentation des inégalités.

L’action des organisations syndicales n’est pas étrangère à ces spécificités du Québec, qu’il soit question de l’augmentation du salaire minimum, de la Loi sur l’équité salariale ou encore des congés parentaux. Il n’en demeure pas moins que le modèle québécois a été rudement mis à mal par les différentes politiques d’austérité des derniers gouvernements. Celles-ci ont entraîné des changements significatifs sur les plans économique, social et politique. Les baisses d’impôt, prévues pour 2018-2019, peuvent à priori paraître intéressantes, mais elles priveront l’État d’environ 3,7 milliards de dollars.

Pourtant, l’ensemble des intervenants présents lors du dernier réseau socio-politique de la CSQ, en avril dernier, s’entendaient pour dire que c’est justement par les impôts, entre autres, que l’on peut réduire les inégalités. C’est grâce à eux que l’on finance les différents programmes et services sociaux, principaux garants de mobilité et d’égalités sociales. Dans la même veine, quoique moins progressif, le maintien des taxes est un autre moyen efficace de renflouer les coffres de l’État et il est plus difficile d’y échapper par diverses stratégies d’évasion fiscale.

Malheureusement, dans le discours politique actuel, la tendance est plutôt à la diabolisation de ces mesures pourtant essentielles au maintien d’une saine cohésion sociale. Dès lors, il serait nécessaire de rendre les dépenses publiques beaucoup plus transparentes afin de permettre à la population de voir l’impact de sa contribution fiscale. Avec la question des paradis fiscaux qui prend de plus en plus de place dans l’espace public, il devient nécessaire pour l’État de légiférer contre ce phénomène afin de réduire le cynisme qu’engendre ce poison social.

En conclusion, pour contrer le phé-nomène grandissant des inégalités socia-les, il importe de créer un mouvement solidaire au sein de la population. À cet effet, il est donc intéressant de constater que, dans les pays nordiques, auxquels on se réfère souvent comme étant des modèles, on observait, en 2016, un taux de syndicalisation au-dessus de 50 %.

Qui plus est, quand on compare le Québec au reste du Canada, on s’aperçoit que la redistribution de la richesse y est plus équitable et que notre taux de syndicalisation est également plus élevé. Ainsi, l’intérêt syndical pour les finances publiques ne peut être plus légitime que dans le contexte actuel  : les syndicats sont des groupes de pression importants auprès des gouvernements, en plus de représenter la plupart des intervenants de première ligne dans la mise en place de mesures sociales essentielles à la diminution des inégalités sociales.