Si l’économie d’aujourd’hui, c’est le savoir… économiser en éducation, c’est savoir que l’on tue l’économie

19 septembre 2018

« […] une distance demeure entre la priorité donnée à l’éducation dans les  discours et les ressources publiques qu’on lui accorde réellement. » – IRIS,  août 2018.

En cette période électorale, le parti   politique  qui  gagnera  devra  investir  en éducation et affirmer la stabilité du financement du réseau. Le verbiage et  les belles phrases devront être mis au  rancart.

On parle de plus en plus de l’importance de l’économie  du  savoir.  Plusieurs  métiers  disparaîtront  à  moyen  et  à  court  termes,  alors  que  plusieurs  nouveaux métiers  verront  le  jour  avec  l’avènement  de  la  robotisation et de l’intelligence artificielle.

Former la main-d’œuvre de demain,  à savoir des citoyens dont le jugement,  les connaissances et le sens critique seront mis à contribution, tant en société  qu’en emploi, passe par une éducation  de qualité. Penser en faire l’économie,  c’est  compromettre  la  société  de  demain. Agir ainsi, c’est aussi ne pas accompagner des élèves qui auraient  pu  développer  leurs  compétences  et devenir  des  citoyens  heureux et actifs.

Malheureusement, depuis quinze  ans, les coupures en  éducation ont frappé  tant  les  élèves  que  le personnel qui les accompagne.

Le récent rapport de recherche de l’Institut  de  recherche  et  d’informations socioéconomiques (IRIS),  produit  par  Eve-Lyne  Couturier  et  Philippe  Hurteau, vient, une fois  de  plus,  nous  éclairer  sur les compressions budgétaires et leurs impacts  négatifs  sur  nos  conditions  de travail, sur notre tâche, voire notre  surtâche.

« Actuellement,  c’est  un  retard  de financement de 1,4 G$ qui se cumule.  C’est la somme qui manque aux commissions scolaires en termes de ressources  financières  nécessaires  aux besoins  actuels  en  éducation.  […]  Même lorsque nous utilisons un calcul  différent,  soit  la  part  du  PIB  investie en éducation, le désintérêt du gouvernement  pour  l’éducation  est flagrant. Le récent réinvestissement ne permet pas de  redonner  à  l’éducation  la place qu’elle avait en
2003-2004. »

Certains s’étonnent de  la détresse du personnel de l’éducation. Malgré les  heures supplémentaires réalisées,  qui,  pour  la majorité,  demeurent  impayées,  il  manque de temps pour tout faire, et  bien faire. Voilà qui amène une insatisfaction du travail accompli, un peu  comme  une  goutte  de  colorant  qui  vient teinter tout le verre d’eau… Et les  conséquences sont importantes, allant  jusqu’à affecter la santé mentale des  travailleurs.

Mais en dépit de tout, comme le soulignent les auteurs : « L’attachement du  personnel de l’éducation à leur emploi  et à la mission a été régulièrement mentionné par les répondant∙e∙s. Ils veulent  à la fois des emplois épanouissants et  un système d’éducation fonctionnel. » Quel que soit le parti qui prendra le  pouvoir, il ne pourra pas, cette fois, en  faire l’économie.

Mireille Proulx

Coordonnatrice