Amorcer la réflexion

9 février 2020

Société : Ensemble des individus entre lesquels existent des rapports durables et organisés, le plus souvent établis en institutions et garantis par des sanctions. (Le Petit Robert)

Civilité : Observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social. (Le Petit Robert)

La violence a toujours existé et cela, depuis que le monde est monde. Aujourd’hui, il suffit d’ouvrir un journal, Facebook, la télévision.

Malheureusement, cette réalité s’applique aussi au monde de l’éducation, ce dont témoignait d’ailleurs la campagne « Pu capable », laquelle a eu des répercussions auprès de nos commissions scolaires.

Mais là n’est pas le propos. En quasi trois ans, nous sommes à même de constater, par les déclarations d’accident et d’incident qui sont acheminées au Syndicat, l’intensification et la gradation des gestes de violence qui surviennent dans nos milieux. D’autres actes, de plus en plus courants, s’ajoutent maintenant à la liste : coups de poing et de pied au visage, crachats… dans la bouche, étranglements, etc.

Comment se fait-il que nous en soyons rendus là? Comment se fait-il que des élèves « garrochent » des chaises ou tout autre objet? Quelle permissivité a fait en sorte que des élèves se sentent légitimés d’agir ainsi?

Je pose la question bien naïvement, mais peut-être serait-il grand temps d’évaluer le manque de balises face au respect d’autrui dans notre société? Comment peut-on tolérer des phrases comme : « Si mon enfant t’a envoyée promener, c’est que tu lui as fait quelque chose… Arrange-toi avec lui, c’est ton problème. »

Dès le début de l’année, chaque parent ne devrait-il pas recevoir une lettre rappelant, noir sur blanc, qu’à l’école, c’est tolérance zéro? Aux parents d’un enfant posant des gestes de violence, qu’ils soient petits ou grands, ne devrions-nous pas penser à une formation obligatoire sur la civilité, avant que leur enfant puisse revenir en classe?

Peut-être que mes propositions ne sont plus actuelles et qu’il existe de bien meilleures solutions, mais peut-on, minimalement, amorcer une réflexion plus profonde sur ces maux et ces façons d’exprimer frustration ou colère? Quelles en sont les racines? Et peut-on penser, dès les premiers signes de tout geste et de toute parole qui dépasse une expression saine des émotions ressenties, à une sanction digne de ce nom?

Je donne ici des exemples du milieu scolaire, parce que c’est le milieu que je connais, mais cette réflexion sociale est beaucoup plus large : dans les hôpitaux et les centres de services de santé, à l’épicerie, dans les transports en commun, à la radio, sur les réseaux sociaux, dans la rue, etc.

Ce n’est pas vrai que, sous le prétexte « j’ai le droit, je me sens comme ça », on doive continuer de subir, à l’école comme partout ailleurs en société, cette violence gratuite et égocentrique. Parce que, tenons-nous-le pour dit, ce qui se passe dans nos écoles, avec nos petits et nos grands, c’est aussi le reflet de notre société.

Mireille Proulx
Coordonnatrice