Financement à l’éducation des adultes

18 février 2020

S’il y a une chose à comprendre du financement des centres d’éducation des adultes, c’est bien qu’il est complexe à déchiffrer!

C’est le constat auquel le comité ÉDA du Syndicat est arrivé à la suite de la formation pilotée par Benoit Houle de la FSE et offerte au Syndicat de Champlain l’automne dernier. Son objectif était de comprendre les raisons de l’insuffisance d’argent et le manque de ressources pour répondre aux besoins des élèves dans le réseau de l’éducation des adultes (ÉDA) : calculs de financement
complexe, sources diverses de financement et nombreuses mesures budgétaires de l’ÉDA.

Un des éléments majeurs mis en lumière lors de la formation est le manque de transparence et de clarté quant aux sommes dédiées à l’ÉDA, notamment le fait que plusieurs mesures budgétaires sont dites « sans contraintes ». Autrement dit, ces sommes peuvent être affectées à d’autres besoins financiers de la commission scolaire qui n’ont rien à voir avec l’ÉDA.

L’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA), dans un avis publié en novembre 2019, Le droit à l’éducation des adultes a un prix, abonde aussi en ce sens : « Il est difficile d’identifier les sommes allouées à l’éducation des adultes dans les budgets gouvernementaux et dans les documents administratifs de certains secteurs. Le financement d’un secteur peut se trouver dans plusieurs programmes. Par exemple, le Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) transfère des fonds aux commissions scolaires pour la francisation tant des jeunes que des adultes. Il est donc souvent très difficile d’isoler la part qui revient à l’éducation des adultes. »

Ajoutons à ceci la difficulté de générer du financement (en raison de la façon d’octroyer les sommes pour financer les élèves à temps plein (ETP) à l’ÉDA qui est fort différente de celle
du secteur des jeunes, par exemple, où l’élève engendre un financement annuel) sans compter qu’il faut fouiller pour trouver les multiples mesures où des sommes devraient être accordées à l’ÉDA. Dans ces circonstances, il est bien évident qu’il soit complexe de juger si le financement est adéquat ou non!

Pourquoi en parler ici? Parce qu’il est grand temps que des changements soient apportés afin de prendre en compte les nouvelles réalités des milieux et l’importance de ce secteur.

Le manque de financement a de nombreuses conséquences directes sur la réussite des élèves : le manque de ressources professionnelles, les infrastructures désuètes des centres, sans oublier la précarité qui accentue la pénurie d’enseignants. Il faut aussi savoir que depuis plusieurs années, la clientèle de l’ÉDA est en profonde mutation. Nous sommes à des années lumières de la clientèle adulte, mature et expérimentée qui retournait sur les bancs d’école par volonté. Les élèves sont de plus en plus jeunes et font, le plus souvent, face à de grandes difficultés tant scolaires que sociales. Et, vous l’aurez deviné, les élèves considérés comme en difficulté d’apprentissage au secteur des jeunes perdent leur code (et les services qui viennent avec lui) lors de leur passage à l’ÉDA!

Le manque de vision globale à l’éducation des adultes est un véritable problème : la dernière politique gouvernementale date de 2002 et son plan d’action est échu depuis 2007! Rien pour aider celles et ceux qui œuvrent dans les centres à bien remplir leur mission : la réussite des élèves.

En terminant, le comité ÉDA du Syndicat de Champlain assistera au prochain réseau FSE-CSQ de l’éducation des adultes qui aura lieu en avril prochain. Nous avons très hâte de participer aux discussions qui sont toujours fort animées!

Nicolas Rousseau
responsable du comité ÉDA