Mario, le démagogue

9 septembre 2016

Le billet de Mireille

Le début de l’année scolaire, le retour dans l’actualité du projet de loi 105 et une nouvelle politique québécoise en éducation qui pointe à l’horizon semblent avoir ravivé l’appétit de Mario Dumont pour l’abolition des commissions scolaires, comme en témoigne son billet dans le Journal de Montréal publié le 27 août dernier.

Cette fois, il ajoutait même qu’elles nuisaient à la réussite scolaire !

Relayer les idées de l’IEDM, vraiment ?

Reprenant l’argumentaire du pamphlet idéologique de l’Institut économique de Montréal paru la même semaine sur ce sujet, il soutient que ce sont les écoles qui devraient se porter responsables de la réussite de chaque enfant, et non pas les commissions scolaires.

« Une commission solaire se contentera de mettre en place des processus, en s’assurant que les lignes d’autorité soient assez floues pour que personne ne soit responsable de rien », écrit-il.

C’est, il faut le reconnaître, une belle façon de désincarner chacune des écoles dans la structure actuelle.

C’est également une façon plutôt insidieuse de laisser croire que les directions et le personnel de l’éducation ne se sentent pas responsables des élèves qui leur sont confiés, qu’ils n’ont pas à cœur leur réussite.

Donc, si je comprends bien, quand l’école aura l’entièreté des pouvoirs, alors seulement, directions et personnel se sentiront responsables des enfants en face d’eux… On repassera pour la reconnaissance du professionnalisme de celles et ceux qui font l’école !

Sans compter que le plaidoyer de M.Dumont esquive complètement la notion d’équité des services pour l’en-semble des écoles que permet une structure intermédiaire comme les commissions scolaires et, donc, l’égalité des chances pour toutes et tous.

 

Parler d’un côté de la bouche

Enfin, M. Dumont se fait plaisir, une fois de plus, en comparant les écoles privées aux écoles publiques: « L’analyse s’appuie sur l’exemple des écoles privées qui fonctionnent de façon autonome et qui ne font pas partie d’une commission scolaire. Et ça marche ». Quand on compare le système public aux écoles privées, il importe de mettre toutes les cartes sur la table, ce qu’il ne fait pas.

Il est utile de rappeler ici, par exemple, que l’étude « Le financement public de l’enseignement privé » (2014), commandée par la Fédération des commissions scolaires du Québec, démontrait que les écoles privées sont financées à 60 % par les fonds publics. « Les sources de financement des établissements privés, les revenus spécifiques et les dons représentent des revenus annuels de l’ordre de 20 %. » À cela, il faut ajouter les frais d’inscription.

Ah oui, et quelle est la proportion d’élèves en difficulté dans les écoles privées déjà M. Dumont ?

Étrange aussi ce silence sur le fait qu’en 2012-2013, plus de 700 bâtiments du réseau public étaient situés en milieux défavorisés alors que le réseau privé n’y comptait aucune école. Pousse, mais pousse égal Mario…

Parlant d’écoles privées, vous avez certainement vu circuler le Palmarès des résultats des écoles primaires publiques aux examens du ministère, il y a deux semaines. Je fais ici un petit clin d’oeil à la Commission scolaire Marie-Victorin qui a fourni les résultats, tout en choisis-sant de ne pas nommer les écoles et de leur donner plutôt un numéro.

 

Photos :
Martin C. Barry (Marty555)
et Collegebrebeuf