Deux cours, deux traitements

18 avril 2017

Les cours d’éducation à la vie sexuelle et d’éducation financière

L’argent mène le monde ! C’est une expression entendue depuis fort longtemps. Trop de crédit, bulle immobilière, faillite, mais où s’en va le monde, en voilà d’autres entendues de tout temps. Ces sujets font d’ailleurs souvent la une.

A contrario, parler de sexualité, c’est plus difficile. Violence physique et psychologique, consentement, maladies transmises sexuellement, premières relations sexuelles et prostitution sont quelques-uns des sujets qui peuvent générer des discussions, des questionnements, qui mènent à parler de l’intimité…

L’un de ces deux sujets a-t-il plus de valeur que l’autre ? Je ne crois pas. Parler d’argent ou de sexe, quand c’est pour en faire une bonne blague, pas de problème; mais quand c’est pour en jaser avec son entourage, ce sont deux sujets plutôt tabous. Pas toujours facile alors d’avoir des réponses.

Ainsi, se servir de l’école pour les aborder, que ce soit éducation financière ou éducation à la vie sexuelle, est une excellente idée. Ces thèmes étaient d’ailleurs au curriculum il y a quelques années.

Les problèmes sont ailleurs… entre autres dans la façon. Pour le cours d’éducation financière, on bouscule, on pousse dans les coins, on donne des mises en échec en raccourcissant la durée normale de consultation, ce qui permettra au ministre de le rendre obligatoire dès septembre prochain.

On décide que ce sera un cours et non un sujet à aborder quelques heures par année. On ampute le cours Monde contemporain de 50 heures… Les enseignants auront-ils eu la formation voulue, le programme, le matériel ? Mais pourquoi pas plutôt un projet-pilote dans une quinzaine d’écoles ?

Parce que le ministre Proulx a décidé que ça pressait ! Ou peut-être sont-ce les lobbyistes des officines…

Pour le cours d’éducation à la vie sexuelle, il en va tout autrement. Je ne suis, ici, aucunement gênée de dire : le fric et le sexe, deux mondes !

On apprenait ce matin, que le ministre abandonne l’idée de déployer le programme partout, dès septembre. Étrange quand même. Le programme est en expérimentation depuis quasi deux ans dans une quinzaine d’écoles.

Dans un article de Marco Fortier et Marie -Michèle Sioui du Devoir, le ministre est cité : « […] On a une quinzaine d’écoles, [qui participent à des projets-pilotes], on ne peut pas passer à des milliers d’un coup. […] »

Ben coup donc ! Je me trompe où il parle des deux côtés de la bouche ?

Mais ce n’est pas tout, il en rajoute ! « Les enseignants sont formés et le matériel pédagogique est prêt dans ces quinze écoles insiste le ministre Proulx ». Alors où est le problème ? Ils me semblent que les conditions gagnantes sont présentes.

Depuis quelques mois, malheureusement, violence sexuelle, agressions, meurtres ont fait la une. Toutes les sphères sont touchées : les cégeps et universités, les milieux de travail, les couples, la famille…

C’est un sujet délicat, je sais. Mais pourquoi les membres du comité consultatif n’ont-ils pas été conviés à se rencontrer plus tôt ? Pourquoi le bilan de l’année 2015-2016 leur sera-t-il remis le 20 avril lors d’une première rencontre cette année ?

Parce qu’on veut que les solutions gagnantes soient réunies. On veut donner le temps aux milieux de choisir les bons intervenants pour en parler.

Mais si c’est vrai pour les « capsules d’apprentissage » traitant d’éducation sexuelle (ce ne sera pas un cours en bonne et due forme) pourquoi le cours d’éducation financière ne reçoit-il pas le même traitement ?