Prochaine négociation : ce qu’il faudra retenir de la grève de la construction

31 mai 2017

L’édito du président

Faible augmentation de la rémunération, appétit patronal à contrôler l’horaire de son personnel, augmentation de la charge de travail et diminution des avantages sociaux : on ne peut faire autrement que d’observer des similitudes dans les demandes des employeurs de l’industrie de la construction et celles qui ont pesé sur nous lors des récentes rondes de négociations dans le secteur public.

C’est pourtant sur la forme du conflit que le jeu des comparaisons devient intéressant et où l’analyse des stratégies en cause, d’un côté comme de l’autre, peut nous éclairer sur nos propres façons de faire pour une prochaine négo.

Même s’il faut mettre en perspective le fait que cette grève survient dans un cadre législatif fort différent de celui du secteur public, le conflit nous enseigne plusieurs choses.

De prime abord, le déclenchement de la grève générale aura été le prétexte attendu du gouvernement pour imposer une loi spéciale. Voilà qui confirme que la stratégie du Front commun en 2015, soit les trois journées de grève séparées ainsi que de surseoir aux trois annoncées plus tard en décembre, aura permis de chambouler la stratégie du gouverne- ment de nous imposer une loi spéciale comme nous l’anticipions. D’ailleurs, la loi spéciale imposée aux juristes de l’État en grève générale illimitée confirme aussi cette analyse.

Toutefois, l’élément le plus intéressant se trouve dans la teneur de la loi spéciale. Elle comporte, certes, une aliénation du droit de grève, mais n’impose pas complètement les conditions de travail des travailleurs.

Alors que du côté du secteur public, en 2005, ce sont toutes les conditions de travail qui ont été imposées, en plus de l’obligation de retourner à une prestation de travail normale.

De plus, la présente loi spéciale donne accès aux parties à un arbitre à la fin d’une nouvelle période de négociation. Grandeur d’âme du gouvernement ? Non, pas du tout ! Ce sont plutôt les dernières décisions de la Cour Suprême en droit du travail, «Saskatchewan»et «Meredith»pour ne nommer que celles-là, qui semblent obliger le gouvernement à agir ainsi.

Autrement dit, grâce à ces décisions, la grève est maintenant considérée comme un droit constitutionnel et son interdiction par une loi spéciale doit être jumelée à un mécanisme obligeant la poursuite de la négociation, ce qui est en soi une grande victoire.

Ceci étant dit, tout n’est pas rose. Le gouvernement, pour contrer ses obligations, tente maintenant de proposer des mécanismes douteux de négociations dans ses lois spéciales. Mais surtout, il tente aussi d’en contrôler le résultat en déléguant des pouvoirs à la ministre du Travail. Parions toutefois que les syndicats concernés les contesteront.

Chose certaine, tout ceci viendra assurément teinter nos stratégies pour la négociation de 2020.