Solidarité avec les lock-outés de Kia Longueuil

27 octobre 2017

Imaginez que votre employeur s’assoie à la table de négociation en vous « offrant » une réduction salariale de 4 % sur quatre ans.

Imaginez maintenant qu’après vous avoir finalement offert un gel de salaire sur quatre ans, offre finale que vous avez évidemment rejetée, il vous met en lock-out. C’est exactement ce qui se passe chez le concessionnaire Kia Longueuil.

« Ce conflit de travail pourrait être très long. Les gars le savent. Mais on a les moyens de supporter ces travailleurs le temps qu’il faudra. On ne pliera pas. L’employeur pensait peut-être que ce serait facile en s’en prenant à un petit groupe, mais les petites unités, c’est notre réalité. Je pense qu’il ne s’attendait pas à autant de réactions et d’appuis », explique Félix Bélanger, représentant syndical chez Unifor, en entrevue, spécifiant que Mazda Longueuil, concessionnaire voisin et aussi propriété du Groupe Auto Longueuil, a déjà mis ses travailleurs syndiqués en lock-out pendant un an.

Chronique d’un conflit annoncé

La section locale 4511 d’Unifor représente quelque 1 600 syndiqués chez 70 concessionnaires de la grande région métropolitaine. Les huit mécaniciens et le commis aux pièces de Kia Longueuil se sont syndiqués au 4511 en 2012.

L’employeur voulait alors appliquer le décret de l’industrie, ce qui aurait eu pour effet de générer des baisses salariales allant jusqu’à 7 $ de l’heure. La partie syndicale voulait plutôt faire appliquer les conditions de travail de la convention maîtresse d’Unifor pour ce secteur d’activité, « qui sont d’ailleurs une référence, même pour les établissements non syndiqués dans la région », soutien Félix Bélanger.

Finalement, leur toute première convention collective aura été imposée en 2016 par un arbitre, qui donnait raison à Unifor. Dix-huit mois plus tard, en mai dernier, le processus de négociation reprend. Mais l’employeur entendait bien reprendre ce qu’il estime avoir « perdu » en réclamant une réduction salariale de 4 %.

Après cinq rencontres à peine, les négociations ont achoppé en juillet, lorsque l’employeur a statué que son offre de gel salarial sur quatre ans était finale. Les travailleurs l’ont refusée à 100 % et ont octroyé un mandat de grève à l’unanimité à leur syndicat.

« Nous avons laissé passer l’été, en espérant qu’il y aurait plus d’ouverture pour poursuivre les pourparlers. Mais en septembre, rien n’avait bougé. L’employeur est déterminé à leur faire avaler son offre et il nous a imposé un ultimatum de 48 heures. Le 18 septembre, il décrétait le lock-out. »

Le conseiller syndical souligne que deux rencontres de conciliation ont eu lieu depuis que le conflit a éclaté, chacune ayant duré une vingtaine de minutes. « Son objectif, c’est de faire plier les gars. Mais ça n’arrivera pas. Voyons, personne ne peut accepter un gel de salaire pur et simple. Le pire, c’est que nous ne sommes pas si loin. Nous demandons ce qui se négocie actuellement dans l’industrie, soit 2 %, 2,5 %. Il y a moyen de s’entendre s’il y a de la volonté. Mais il est là le problème ! »


L’argument financier qui ne tient pas la route

L’employeur évoque l’argument financier et la rentabilité pour défendre ses demandes. « Pour la main-d’œuvre en mécanique, Kia Longueuil charge aux clients un taux horaire de 124,95 $. Il est le plus cher de la région ! », soutient Félix Bélanger.

« SI on regarde du côté de la compétition directe, Kia Sainte-Julie ou à McMasterville par exemple, ils sont à 99, 95 $ de l’heure. Même chez Mazda Longueuil, le voisin concessionnaire qui appartient aussi au groupe, le taux est de 99,95 $ de l’heure. C’est assez clair que son argument financier ne tient pas ! Il a de la marge, il ne veut juste pas. »

Mauvaise foi et conditions de travail qu’on tente d’imposer de force, ce conflit de travail est important, assurer Félix Bélanger, même s’il ne touche directement que neuf travailleurs. « Parce qu’à terme, si l’employeur gagne, ce sont tous les travailleurs de l’industrie dans la région qui seront perdants. »

La suite des choses

« Pour le moment, une partie du travail dans les ateliers est effectué par des cadres, ajoute-il. Évidemment, la solidarité des gens, et éviter d’aller chez ce concessionnaire pendant le conflit, ça fait une différence pour nous. Mais, comme les autres concessionnaires du groupe sont mitoyens, c’est évident qu’il y a du travail de mécanique qui se fait dans les autres garages… »

Vous avez remarqué les pancartes et les drapeaux rouge et blanc à l’effigie de la section locale 4511 devant le concessionnaire situé sur le boulevard Rolland-Terrien ? Rien ne vous empêche d’aller témoigner de votre solidarité aux travailleurs sur place qui font du piquetage plusieurs heures par jour, ou d’amener un café.

Une campagne d’appui se met actuellement en branle, nous communiquerons les détails sur les réseaux sociaux. « Nous planifions aussi un gros événement en novembre ; surveillez ça !

 

Unifor section locale 4511 sur Facebook : @Unifor4511

Photos : courtoisie Unifor section locale 4511