Improvisation imposée

9 mai 2019

  • Catégorie : « Go ! Go ! Go ! »
  • Nombre de joueurs : Un ministre qui conduit un bulldozer et 2 528 salariées et salariés qui se retrouvent sur le côté
  • Temps : Trop long mandat

Une fois de plus, nous faisons face à un ministre de l’éducation qui a af­firmé qu’il consulterait le personnel de l’éducation, mais qui, malheu­reusement, ne le fait pas. Bien au contraire, il improvise au gré de ses croyances, dirait-on, sans réfléchir aux impacts de ses décisions sur le personnel, tout particulièrement sur le personnel de soutien scolaire qu’il ne prend même pas la peine de nommer.

Pourtant, le ministre Roberge est venu à la rencontre des membres du conseil fédéral de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) avant les élections. Force était de constater qu’il connaissait bien mal ce personnel de l’éducation. Comme s’il n’avait pas travaillé avec du personnel de soutien dans son école…

On aurait pu croire qu’il aurait fait ses devoirs après cette rencon­tre. Mais ce n’est pas le cas. Croit-il inclure le personnel de soutien quand il dit qu’il y aura plus de pro­fessionnels ? Soit il mélange les genres ou bien il ne considère pas le personnel de soutien et agit alors avec mépris.

Dans La Presse+ du 27 octo­bre 2018, Patrick Lagacé citait le ministre : « Je suis pressé de com­mencer, mais je n’arrive pas avec un bulldozer. Il va falloir écouter le monde – les parents, les profs, les employés de soutien, les directions d’école. » C’était tout juste après son élection. Oh là là !

Il a commencé par les maternelles 4 ans. Qui a été consulté ? Pas le personnel de soutien en tout cas. Pire, le premier ministre, pour appuyer son ministre de l’Éducation, a dit en chambre : « Vous avez le choix entre une garderie avec deux tiers d’employés qui sont des techniciens de garde [sic], ou une maternelle 4 ans, des enseignants avec toute l’équipe de spécialistes de l’école primaire », rapportait Charles Lecavalier, dans Le Journal de Québec, le 14 février dernier.

Que dire ? Ce n’était certes pas une façon d’exprimer sa reconnaissance envers le personnel de soutien en cette journée de la Saint-Valentin ! Nous le savons, la pénurie de locaux dans les écoles est bien réelle, n’en déplaise au ministre. Et si, par chance, des espaces sont disponibles pour accueillir des classes de maternelle 4 ans, ils sont inadaptés à cette clientèle. Absence de toilettes, poi-gnées de porte dont la hauteur ne convient pas, escaliers à monter. Sans compter qu’il faudra ajouter une marche supplémentaire aux autobus ou alors engager des « bourreurs d’autobus » !

Et en ce qui concerne la bonification du parascolaire au secondaire, qui a été consulté ? Pas le personnel de soutien en tout cas. Ces heures quotidiennes additionnelles auraient pu être dédiées expressément et exclusivement aux techniciens en loisirs. Or, dans les règles budgétaires, ils sont nommés, certes, au même titre que d’autres classes d’emploi.

Puis, il y a les récréations rallongées. Qui a été consulté ? Pas le personnel de soutien en tout cas. Vingt minutes plutôt que quinze par récréation. Il n’y a rien là pour appeler sa mère, diront certains. Eh bien oui ! Car si ces cinq minutes supplémentaires s’en vont dans la cour des enseignantes et des enseignants, pour les éducatrices en service de garde majoritairement, il y aura un impact certain.

Pour plusieurs d’entre elles, cela se traduira par cinquante minutes en moins par semaine sur leur paye. Sachant qu’elles doivent déjà conjuguer avec des horaires brisés, qu’elles font souvent bien en deçà de 35 heures/semaine, c’est un coup de pelle sur la gueule.

Le ministre, dans son « Go! Go ! Go ! Si j’y crois, c’est que c’est bon ! », fait fi de ces réalités et ça, c’est conduire un bulldozer.

Mireille Proulx
Coordonnatrice