Le 8 mars… et tous les autres jours!

12 mars 2021

A-t-on encore vraiment besoin du 8 mars, cette Journée internationale des droits des femmes? Dans une société comme la nôtre, plusieurs se posent la question. Ailleurs, quel que soit cet ailleurs, il y a certes beaucoup de travail à faire pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais chez nous, au Québec, est-ce encore vraiment nécessaire?

Il y a maintenant plus de femmes que d’hommes inscrites à l’université, en droit et en médecine, notamment. Les hommes sont de plus en plus partie prenante des obligations familiales. Les femmes jouent au hockey, boxent, luttent. Les femmes conduisent des autobus, de gros camions; elles construisent des maisons. Et dans tous les secteurs, des métiers et des professions qui étaient, il y a à peine quelques années, presqu’essentiellement masculins, accueillent maintenant des femmes.

Revenons donc à la question de départ : Pourquoi souligner la Journée internationale des droits des femmes? La réponse : Parce que les inégalités se manifestent sous différentes formes.

Et si on parlait également des femmes agressées et violées qui tentent de faire condamner leur agresseur? Malheureusement, dans le système de justice actuel, faire reconnaître cette violence devant un tribunal demande courage et résilience. Malgré la crédibilité des témoignages, le plus petit doute raisonnable dégage trop souvent les agresseurs d’une condamnation. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un tribunal spécialisé et une meilleure formation des magistrats pour aborder ces cas non pas avec des biais (bien souvent inconscients d’ailleurs), mais avec les connaissances que nous avons quant aux réactions psychologiques et neurologiques et au comportement des victimes d’agressions sexuelles.

Tous les jours, même au Québec, des femmes sont violentées psychologiquement et physiquement. Les maisons d’hébergement pour les accueillir ne suffisent pas à la demande. Et les événements tragiques des dernières semaines auront tristement mis en lumière cette troublante réalité.

Comment ne pas penser à ces femmes qui ont demandé de l’aide, qui ont suivi les règles, mais qui, malheureusement, n’ont pas eu la protection qui leur aurait sauvé la vie?

Moins sordide, mais tout aussi questionnant, il y a également toute la question de l’équité salariale, un dossier qui est loin d’être réglé. Ce 8 mars, l’Institut de la statistique du Québec publiait un rapport qui indiquait qu’il existe toujours un écart salarial entre les femmes et les hommes pour un métier équivalent.

Le gouvernement actuel, comme les précédents d’ailleurs, n’a toujours pas réglé le maintien de l’équité salariale de 2010, 2015 et il vient de reporter de six mois celui de 2020. Ceux qui nous gouvernent trouvent probablement que ça coûtera trop cher à l’État. Alors le respect des femmes passe en deuxième.

Et pour citer Marie-Claude Lortie, dans sa chronique publiée ce lundi dans La Presse + : « C’est peut être là que j’ai entendu, plus que jamais, des hommes dire que « c’est beau l’égalité, mais il faut être sûr de nommer des femmes compétentes à tous ces postes. » » Dois-je comprendre que tous les hommes ont les compétences pour les postes qu’ils occupent?

Et en ce temps de pandémie, combien de femmes ont perdu leur emploi? Combien de mères monoparentales ont quitté leur emploi? Plus que les hommes. En mars 2020, 167 900 femmes avaient été mises à pied au Québec, comparativement à 96 100 hommes (ISQ). Certes, il y a eu plusieurs améliorations au fil des ans, c’est indéniable. Et il n’est pas question non plus de mettre tous les hommes dans le même panier.

Mais pour reprendre les mots de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Sonia Éthier :  « Pour que la violence et l’indifférence économique à l’endroit des femmes cessent une fois pour toutes », oui, la Journée internationale des droits des femmes a toujours sa raison d’être.