À quand le point de rupture ?

20 octobre 2021

L’heure est grave, les cris du cœur lancés par nos collègues aux instances nationales l’auront confirmé. À bout de souffle, le personnel de l’éducation est la colonne vertébrale soutenant le réseau de l’éducation. Et cette colonne est sur le point de se rompre si on ne la déleste pas d’une tonne. Une tonne qui pèse lourd depuis des années.

Les employeurs engagent en masse (ou essayent), mais on pointe du doigt le manque d’efforts que fournissent ceux-ci à la rétention des employés. Oui il y a une pénurie de personnel et nous cherchons activement à recruter, mais pouvons-nous tout de même nous occuper de ceux qui se sacrifient quotidiennement pour le bien-être de la génération future ?

Lorsque le système de santé était sur le point de s’écrouler, le gouvernement s’est activé pour colmater les fuites. Il a offert des primes pour attirer des infirmières à temps plein. De plus, il a misé sur la formation pour permettre à des milliers de préposés aux bénéficiaires d’entrer sur le marché du travail. Bref, un parallèle existe entre les deux piliers du Québec que sont la Santé et l’Éducation. Mais alors que le gouvernement est proactif pour l’un, il délaisse cruellement l’autre. Le dévouement du personnel de soutien, des enseignantes et des enseignants ne doit pas devenir une raison pour laquelle le Ministère ferme les yeux. L’Éducation n’est pas une vocation, c’est un travail dont la charge pèse de plus en plus lourd, mais où les mesures pour alléger se font de moins en moins sentir.

C’est sans compter le cannibalisme dont font présentement preuve certains employeurs. En effet, alors que les ressources se font moindres, certains CSS plus compétitifs se permettent de truquer leurs affichages de postes afin de proposer de meilleurs salaires. Ainsi, on se retrouve avec des opérateurs qui ont des tâches d’opérateurs, mais des salaires de techniciens. Les CSS qui ne se prêtent pas à cette tricherie se retrouvent amputés d’employés compétents ô combien convoités. Dans un environnement où les ressources n’abondent pas, certains animaux se cannibalisent par instinct de survie, l’analogie est forte, mais c’est malheureusement ce qui se produit dans le milieu de l’éducation.

Tout le monde connaît la situation très problématique. Qu’en est-il des solutions pour éviter les bris de services vers lesquels le navire scolaire vogue désespérément ? Il faudra pallier la précarité omniprésente dans certains milieux, afin d’optimiser les ressources disponibles. Ces employés précaires veulent travailler et faire une différence, intégrons-les pleinement pour y parvenir. De meilleures conditions de travail offriront certainement aux élèves ainsi qu’au personnel actuel de l’éducation des perspectives d’un futur de qualité. Finalement, une volonté politique réelle et concrète d’appuyer le personnel de l’éducation en mettant les ressources nécessaires dans le réseau permettra son plein épanouissement au lieu de la chute annoncée à laquelle nous assistons aujourd’hui.

Jean-François Guilbault