Équité salariale – des délais interminables sur le dos des femmes

21 juin 2023

Même si la Loi sur l’équité salariale a fêté ses 25 ans l’an passé et que son importance et son utilité ne sont plus à démontrer, il reste beaucoup de travail à faire pour corriger les discriminations salariales qui perdurent, malgré plusieurs avancées au fil des ans. D’ailleurs, les syndicats affiliés à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ont fait le constat que l’information récemment reçue du Conseil du trésor en lien avec l’évaluation du maintien de l’équité salariale de 2020 est imprécise et incomplète et ne permet pas aux parties de réaliser justement les travaux qui s’imposent. Cela laisse malheureusement présager que de laborieuses démarches s’imposeront afin d’atteindre l’objectif de la Loi. 

C’est pourquoi nous avons interpellé les députées de la Montérégie pour leur rappeler l’importance de régler le dossier de l’équité salariale dans les meilleurs délais. Les syndicats s’adressent principalement aux femmes députées de l’Assemblée nationale, élues en un nombre record, afin d’obtenir leur solidarité et leur appui pour des changements à une situation qui pénalise surtout les femmes.

Voici l’intégralité d’une de ces lettres:

 

 

 

Longueuil, le 19 juin 2023

Madame Shirley Dorismond

182 rue Saint-Charles Ouest

Longueuil (Québec) J4H 1C9

 

Objet :           Équité salariale – des délais interminables sur le dos des femmes

 

Madame la Députée,

Nous représentons plusieurs dizaines de milliers de femmes qui travaillent avec engagement, compétence et professionnalisme dans les services publics de notre région, que ce soit en éducation, en enseignement supérieur et en santé et services sociaux. Même si la Loi sur l’équité salariale a déjà fêté ses 25 ans et que son importance et son utilité ne sont plus à démontrer, il reste beaucoup de travail à faire pour corriger les discriminations salariales qui perdurent, malgré plusieurs avancées au fil des ans. Or, le travail de plusieurs d’entre elles n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur et nous les soutenons pleinement dans leur combat de longue haleine pour corriger cette injustice en matière d’équité salariale. Ces femmes accompagnent les autres, éduquent, enseignent aux élèves et aux étudiantes et étudiants, soignent les patients et servent la population de votre circonscription tous les jours.

Lors des dernières élections générales, la population a élu un nombre inégalé de femmes pour les représenter à l’Assemblée nationale. C’est là un heureux progrès et nous en sommes sincèrement ravis. L’équité salariale nous concerne tous, mais nous pensons qu’en tant que femmes, vous serez solidaires de celles qui portent cette cause à bout de bras depuis l’adoption de la Loi en 1996. Nous nous adressons à vous aujourd’hui pour que votre voix se joigne à la nôtre afin de défendre celles d’entre nous qui voient leur parcours s’étirer avec davantage d’obstacles.

Nous pensons notamment à la documentation récemment reçue du Conseil du trésor en lien avec la réalisation du processus de participation pour l’évaluation du maintien de l’équité salariale de 2020. Cet exercice, qui a lieu aux cinq ans, nous amène à faire des constats peu réjouissants : l’information reçue est imprécise et incomplète. Elle ne permet ni de saisir la portée de l’évaluation ni de comprendre comment elle pourra corriger les écarts dus à la discrimination salariale systémique. Considérant cela, nous ne pouvons que présumer que des démarches laborieuses s’imposeront afin d’atteindre l’objectif de la Loi.

Elles méritent un salaire juste et équitable

Les femmes que nous représentons méritent un salaire juste et équitable. Elles se retrouvent encore en attente face à une procédure en mal de révision et un traitement interminable qui s’étire depuis trop d’années déjà. Les milliers de plaintes toujours non réglées pour les exercices de maintien de 2010 et de 2015 font foi de ces délais déraisonnables et inquiétants.

Nous savons trop bien que les erreurs des derniers exercices n’ont pas encore été corrigées. Nous demandons, depuis plusieurs années déjà, que des bonifications de plusieurs ordres soient apportées à la Loi pour lui faire remplir pleinement son rôle. Il devient également nécessaire que davantage de ressources financières et humaines y soient allouées afin d’assurer un traitement diligent de l’inventaire des milliers de plaintes formulées au regard des évaluations du maintien de l’équité salariale. Nous avons pu voir ce printemps, avec le cafouillage de SAAQ-Cliq, que les ressources de partout peuvent arriver vite lorsque les services à la population sont à risque. Il suffit, pour cela, que le gouvernement en fasse une priorité.

Rappelons-nous que l’équité salariale est à la fois un droit fondamental et un principe phare de notre société. Nous en sommes toutes et tous les gardiennes et les gardiens, mais c’est le gouvernement qui détient les leviers pour empêcher que ce dossier traine en longueur au détriment des femmes. Il est plus que temps de leur rendre justice. Il est temps que ça se règle.

Tout en vous sachant sensible à la question de l’équité salariale, nous vous prions de recevoir, Madame la Députée, au nom de nos milliers de membres, nos salutations les plus cordiales.

Jean-François Guilbault,

Président du Syndicat de Champlain