Un chapitre de l’histoire syndicale s’écrit

18 octobre 2023

Le vendredi 6 octobre 2023, un événement s’est produit. Un événement historique auquel je n’aurais jamais imaginé participer un jour. Vous ne vous en êtes peut-être pas rendu compte sur le coup, mais ensemble, nous venons d’écrire un « gros » chapitre de l’histoire du mouvement syndical au Syndicat de Champlain.

Le 6 octobre a mis fin à une série de quatre assemblées générales qui se sont étalées sur deux semaines. Je ne vous cacherai pas que ces deux semaines furent intenses. Intenses mais, oh combien, positives ! Je vous remercie d’avoir participé en aussi grand nombre.

Sachez que chaque fois que nous vous proposons des idées, ce sont vos commentaires constructifs qui nous guident. Et à la suite des propositions que nous vous avons faites en assemblées générales, nos cinq sections ont adopté des mandats de grève pouvant se rendre jusqu’à la grève générale illimitée. Du même coup, nous nous sommes joints aux 420 000 membres du Front commun.

Du jamais vu à Champlain

Ce sont aussi avec des taux de participation records que vous vous êtes exprimés ! Parmi tous ceux qui ont exercé leur droit de vote, de 92 % à 96 % étaient en faveur de la grève. Ce qui démontre que l’unité et la solidarité face à l’inaction du gouvernement sont au plus fort chez les membres du Syndicat de Champlain.

Aussi, parions que 420 000 travailleuses et travailleurs du secteur public mobilisés pourront faire bouger le gouvernement et réactiver le désir de négociation du côté patronal. D’ailleurs, c’est après la manifestation historique du Front commun qui a rassemblé 100 000 collègues du secteur public, dont 2 500 membres du Syndicat de Champlain et l’accumulation des mandats forts de grève, aux quatre coins de la province, que le gouvernement a réagi et a choisi de retirer certaines de ses demandes aux tables sectorielles.

Par ailleurs, il a tenté d’appliquer de la pression sur les tables de négociations avant l’obtention des mandats de grève. Notamment, en mettant fin aux primes qui bonifient le salaire de nos ouvriers spécialisés. Nous y voyons là, encore, un exercice pur et simple de relations publiques.

Nous avons répondu rapidement : un commando éclair a été organisé à Québec pour signifier qu’aucun ultimatum ne serait accepté ni même toléré de notre part. La secrétaire du Conseil du trésor n’a eu d’autre choix que de prolonger les primes jusqu’au 15 octobre, nous habituant encore à l’éternelle précarité qui pèse sur le personnel.

Par la bande, il semblerait qu’à ce jour les primes soient maintenues… Jusqu’à quand ? Madame Lebel ne l’a pas dit, préférant renvoyer la balle dans le camp syndical. Elle marchande maintenant le maintien des primes en retour de l’élagage de nos demandes.

Négociation intersectorielle

Sur le plan de la négociation intersectorielle, nous avons indiqué le scepticisme du Front commun devant la situation actuelle, puisque l’exercice d’élagage commandé par le gouvernement ne permettra pas, à notre avis, de régler la crise dans les réseaux ni de générer des mouvements significatifs dans la négociation. Surtout qu’au final, le gouvernement n’offre rien pour améliorer réellement les conditions de travail et qu’il maintient son offre salariale dérisoire.

Évidemment, vos négociateurs sont proactifs et continuent de négocier avec ferveur afin que le gouvernement réponde enfin à vos besoins. « Cette négociation, c’est la vôtre d’abord et avant tout », pour reprendre les mots du Front commun.

Avec l’adoption de mandats forts de grève à la grandeur de la province et avec l’appui général de la population, le gouvernement est en train de réaliser qu’il s’aventure sur un terrain glissant. En fait, avec les nombreuses déclarations offensantes de ses représentants et avec le contexte historique rassemblant 420 000 travailleuses et travailleurs, l’aisance avec laquelle il naviguait depuis le début de son mandat semble s’essoufler.

Après l’annonce publique de l’adoption des mandats de grève du Front commun, le Syndicat de Champlain a désormais le visage tourné vers la prochaine étape. Nous laisserons place à la négociation et nous tendrons l’oreille vers les décideurs afin de voir s’ils sont enfin à l’écoute de vos besoins. Si rien ne bouge, nous serons prêts pour le premier coup de semonce de ce mandat historique. Suivez-nous pour rester à l’affut des prochains développements.

Solidarité !

Jean-François Guilbault

Président du Syndicat de Champlain