La grève, « qu’ossa donne » ?

22 décembre 2023

Petit clin d’œil au monologue de l’humoriste Yvon Deschamps. Immense clin d’œil à tous les membres du Syndicat de Champlain. En effet, c’est grâce à vous que je peux répondre, dans mon éditorial d’aujourd’hui, à la question en titre.

Entre le 8 et le 14 décembre, nous avons tenu une séquence de sept jours de grève. Et deux autres séquences avant cela. Vos représentants syndicaux ont senti votre présence et votre motivation, et le gouvernement aussi : 420 000 travailleuses et travailleurs mobilisés, ça fait beaucoup de bruit !

Le travail acharné aux tables sectorielles et intersectorielles se poursuit avec détermination pour un règlement. C’est grâce à vous si les mouvements s’accélèrent. Entre la séquence du 6 novembre et celle de la semaine dernière, la route vers un accord satisfaisant semble s’approcher un peu plus. Des progrès notables ont été réalisés aux diverses tables. La grève, « qu’ossa donne » ?

Tout d’abord, l’offre salariale est passée de 9 %, à 10,3 % et à finalement 12,7 % sur cinq ans. Et ce n’est pas terminé puisque François Legault mentionnait que son gouvernement serait prêt à délier encore les cordons de la bourse.

Ensuite, le gouvernement a cessé ses attaques à notre fonds de pension. Pour rappel, puisqu’il avait bonifié le RRQ, il souhaitait se servir à même notre RREGOP pour reprendre cette bonification. Mais, c’est chose du passé grâce à votre mobilisation. Aussi, les porte-paroles patronaux ont changé. Cela coïncide avec l’accélération des travaux. Un autre signe encourageant que nos journées de grève ont un impact.

Alors qu’avant, le gouvernement ne discutait que de ses priorités, il commence de plus en plus à écouter vos représentants sur vos priorités. Néanmoins, il demeure rigide et se campe encore sur ses positions.

Entre le moment d’écrire ces lignes et la sortie de ce numéro du journal Le Champlain, des instances sont prévues avec les fédérations ainsi qu’avec la CSQ. Tout porte à croire que d’autres avancées pourraient survenir. En attendant, qu’est-ce qui bloque dans la négo ?

Premièrement, la clause de protection basée sur l’indice des prix à la consommation (IPC) est devenue une pierre angulaire des négociations, une nécessité pour éviter l’appauvrissement et réduire l’écart salarial avec le secteur privé. Mais le gouvernement s’y oppose toujours.

Deuxièmement, l’augmentation de la contribution de l’employeur au régime d’assurance collective est une demande cruciale pour plusieurs de nos membres. Ce qui n’est pas du tout gagné avec la partie patronale.

Avec la semaine électrisante que nous venons de vivre aux quatre coins du Québec, j’exhorte le gouvernement à traduire ses paroles en actions concrètes et à faire de l’éducation sa réelle priorité. Les 420 000 travailleuses et travailleurs du Front commun sont unis, d’une seule voix, soutenus par une population consciente de l’importance de leurs revendications.

Je m’adresse maintenant à vous, les membres du Syndicat de Champlain. J’admire toute la résilience dont vous avez fait preuve. Malgré le froid, vous vous êtes battus pour de la reconnaissance et de meilleures conditions de travail. Grâce à vous, les discussions se poursuivent et l’espoir persiste pour des avancées supplémentaires ainsi qu’un règlement équitable. Solidarité et joyeuses fêtes à vous et à votre famille !

Jean-François Guilbault

Président du Syndicat de Champlain